Les mutuelles se veulent acteurs de la modernisation du système de santé français
Les mutuelles ont avancé jeudi leurs propres recettes pour “moderniser” le système de santé, tandis que Nicolas Sarkozy les a prévenues que la solidarité nationale ne pourrait financer seule les nouveaux besoins sociaux, lors du 39e congrès de la Mutualité française à Bordeaux.
Le président de la Mutualité française Jean-Pierre Davant a dressé un bilan sévère des réformes menées dans le secteur de la santé ces dernières années, devant quelque 3.000 délégués mutualistes et en présence du président de la République, venu assister à l’ouverture du congrès.
M. Davant a rappelé l’objectif non tenu d’un équilibre de l’assurance maladie en 2007, les retards du dossier médical personnel ou encore la persistance d’une inégale répartition des médecins sur le territoire et la “prolifération insupportable des dépassements d’honoraires”.
Face aux “conservatismes” du monde de la santé”, “nous avons décidé (…) d’être par nous-mêmes, un des artisans du changement nécessaire”, a-t-il expliqué.
Les mutuelles comptent notamment sur un nouveau service, “Priorité Santé Mutualiste” (PSM), proposé à partir de jeudi à 18 des 38 millions de Français couverts par une mutuelle santé et présenté comme “le début de la modernisation du système de santé”.
Avec ce service téléphonique d’information (39 35), les mutuelles veulent orienter les patients “vers des services hospitaliers publics ou privés qui offrent les meilleures garanties de qualité et de sécurité”, évaluées “objectivement”.
La Mutualité propose par ailleurs de participer plus activement à la gestion des affections de longue durée (ALD, cancer ou diabète, par exemple), couvertes à 100% par la Sécu. Elle souhaiterait par exemple pouvoir orienter des patients vers des services de soins pratiquant le tiers payant, où les professionnels seraient rémunérés de manière forfaitaire.
Le mouvement mutualiste mettrait à profit son réseau de soins, qui comprend déjà une centaine d’établissements hospitaliers. M. Davant a souhaité le développer, en utilisant les réserves financières des mutuelles, souvent pointées du doigt en cette période de déficit de l’assurance maladie.
Nicolas Sarkozy a dit “son plus grand respect” pour le mouvement mutualiste, et a salué ses initiatives, sur les maladies chroniques notamment.
Il a donné satisfaction aux mutualistes –priés de lui réserver un bon accueil dans un contexte de tension depuis l’instauration d’une taxe sur les complémentaires santé– en demandant que les mutuelles soient représentées au sein du conseil de surveillance des futures Agences régionales de santé.
Le gouvernement s’y était opposé dans le cadre de l’examen parlementaire du projet de loi Bachelot, toujours en discussion au Sénat.
Alors que le ministère de la Santé a plusieurs fois renvoyé l’encadrement des dépassements d’honoraires dans les cliniques aux négociations Sécu/médecins, Nicolas Sarkozy a, lui, demandé jeudi au gouvernement de “se préparer” à intervenir sur le sujet.
“Cela fait des années que le sujet des dépassements d’honoraires est sur la table, il est temps de le traiter”, a-t-il lancé.
Mais le Président de la République a aussi prévenu les mutuelles qu’elles devraient prendre une part croissante dans le financement de la protection sociale, face au vieillissement de la population notamment.
“Les régimes de base ne pourront pas tout financer, il faudra faire des choix”, a-t-il dit. M. Davant venait de rappeler son “attachement aux mécanismes de solidarité nationale pour financer l’essentiel de la demande de soins”.
AFP