Quel avenir pour le système de santé “à la française” ?

C’est le 16 décembre dernier au soir que le Wine And Business Club « Paris Faubourg » a réuni plus de 100 responsables du monde des affaires, à l’hôtel Le Bristol pour une conférence dont le thème portait sur l’avenir de notre système de santé « à la française ».

Animée par Alain Marty président du Club, cette conférence, organisée par Groupe France Mutuelle, avait pour intervenants, outre son directeur général, Jacques Garot, Jean de Kervasdoué, titulaire de la Chaire d’économie et gestion des services de santé au Conservatoire National des Arts et Métiers et Gilles Johanet, actuellement président du Comité Maladie-Accident à la Fédération Française des Sociétés d’Assurances.

Après un bref état des lieux, les conférenciers ont apporté des éclairages sur les fondements de la défaillance actuelle du système et proposé des pistes de réflexion vers des issues possibles.

État des lieux : les raisons d’une défaillance

Jacques Garot ouvre le débat en posant un premier pré-requis avant de développer les points clés de son argumentation : « Avant de s’interroger sur l’avenir et donc la pertinence d’un système de santé, il convient préalablement de faire un choix clair de société ». Pour lui, il est temps « d’admettre que bénéficier de soins de qualité et des progrès de la médecine, présentera un coût de plus en plus élevé et qu’il faudra bien responsabiliser tous les acteurs du système, pouvoirs publics, assureurs, professionnels de santé et patients» notamment par l’utilisation de systèmes d’assurance responsabilisants.

Par ailleurs, il affirme « l’indispensable étanchéité à maintenir entre privé et public en matière d’assurance santé », préconisant la gestion du système par les hommes d’entreprise plutôt que par les hommes de pouvoir, appuyé en ce sens par Gilles Johanet qui souligne le problème de la « double casquette étatique qui assure à la fois pilotage et gestion du système ».

Jean de Kervasdoué, pour sa part, s’appuyant sur une remarquable collection d’indices et d’indicateurs internationaux, dresse un constat, consécutif à ses travaux de recherche : « le système de santé français est avantageux à bien des égards, avec un service public ouvert et compétent et des médecins bien formés même si demeurent des inégalités géographiques et sociales, tant au niveau de l’offre que de la consommation de soins. »M. Johanet met également l’accent sur « le manque de coordination des soins ou de système d’évaluation qualifié, ainsi que sur le creuset qui existe entre les efforts individuels des personnes soignantes et un désordre généralisé du système ».

M. de Kervasdoué a souhaité mettre un terme aux idées reçues utilisées pour expliquer le déficit du système français et notamment : « la faillite actuelle ne peut être réduite au vieillissement de la population, qui augmente en parallèle du niveau de vie et ne représente au final que 0,6 % de la croissance. Par ailleurs, la dépendance recule, les recettes de l’assurance maladie augmentent, ne provoquant pourtant pas la réduction du déficit, qui ne fait que se transférer aux générations suivantes ». La mise en échec actuelle a selon lui des origines différentes, telles que « la surconsommation médicamenteuse ou le déséquilibre entre le nombre de médecins et d’infirmiers ».

Des pistes pour rétablir le système

En conclusion, tous trois s’accordent à dire que la solidarité, garantie par le système français, doit être préservée et encore possible et qu’il existe des voies, encore inexplorées, pour rétablir la situation, à condition que soient posées les bonnes questions. Pour M. Johanet, « il faut intégrer que la recherche des performances médicale, financière et sociale demande une sélection ». M. de Kervasdoué insiste sur la nécessité « d’extraire le système de santé du domaine politique pour le faire revenir à une dimension plus citoyenne, qui ne déresponsabiliserait pas pour autant l’assuré ».

Développer la cogérance, les professions intermédiaires et un système intensif plutôt qu’extensif peuvent également, aux dires de ces 3 spécialistes, porter leurs fruits. Enfin, M. Garot a réaffirmé en clôture de débat « qu’aucune solution pérenne à la faillite de notre Sécurité Sociale ne pourra être proposée, tant qu’un choix ferme de société n’aura été retenu en amont, par les Français ».


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