Santé / Grippe : La mortalité a été divisée par dix en 40 ans
La mortalité due à la grippe a considérablement baissé en 40 ans en France et dans les autres pays industriels, avec une division par 10 du nombre des victimes grâce au vaccin, selon une étude publiée par l’Institut d’études démographiques (Ined).
Sans parler de la grippe espagnole qui a causé 200.000 morts en 1918-1919, une épidémie de grippe faisait jadis “de 10.000 à 20.000 morts (par an) en France, auxquelles il faut ajouter les décès dus aux complications de la maladie”, rappelle l’étude, publiée dans le numéro de septembre de Population et sociétés, le bulletin de l’Ined.
A partir des années 70, où l’on parvient à mettre au point un vaccin efficace, la mortalité “fait une chute spectaculaire”, avec un risque de décès divisé par 10. Cette baisse est “la conséquence directe d’une politique de prévention adaptée, fondée sur la vaccination des sujets à risque et associée à une meilleure prise en charge thérapeutique des complications”, explique la démographe France Meslé, qui a réalisé cette étude.
En France, le taux de vaccination des plus de 65 ans (gratuite depuis 2000) est de 65%, parmi les plus élevés d’Europe. Il est beaucoup plus faible chez les personnes à risque plus jeunes et chez les personnels de santé. “Une plus grande diffusion de la vaccination dans ces populations permettrait de diminuer encore le nombre de décès dus à la grippe”, relève France Meslé.
La baisse de la mortalité est comparable dans tous les pays industriels, avec des variantes : intervenue plus précocément aux Etats-Unis, en petite progression depuis quelques années au Japon, du fait sans doute que la grippe a été supprimée de la liste des maladies nécessitant une vaccination.
Par âge, les taux de mortalité sont toujours très élevés pour les très jeunes enfants, atteignant un minimum vers 10-15 ans “avant d’augmenter très régulièrement avec l’âge”, sauf pour les grandes pandémies, qui “touchent davantage les jeunes adultes”, note France Meslé. Ceci s’explique par le contact que les personnes âgées peuvent avoir déjà eu avec un virus dont la structure est comparable.
Selon la démographe, même si elle s’est avérée beaucoup moins grave qu’annoncé, l’épidémie 2009-2010 “présente un profil par âge très semblable à celui observé durant les grandes pandémies”, puisque près des trois quarts des personnes décédées avaient moins de 65 ans.
Paris, 30 septembre 2010 (AFP)