Assurance auto : Des pièces d’occasion pour réparer les voitures, les assureurs y songent
Réparer des voitures accidentées avec des pièces d'occasion : cette solution fait son chemin auprès des assureurs qui y voient un moyen de réduire leur facture.
Réparer des voitures accidentées avec des pièces d’occasion : cette solution, longtemps négligée, fait son chemin auprès des démolisseurs automobiles, des carrossiers et des assureurs qui y voient un moyen de réduire leur facture.
Depuis l’an dernier, grâce à un changement législatif, l’expert mandaté en cas d’accident peut chiffrer le coût de la réparation d’un véhicule en pièces neuves et en pièces d’occasion, moins chères, alors qu’il ne le faisait auparavant qu’au prix du neuf. « Une révolution » pour le secteur, explique à l’AFP Patrick Poincelet, président des recycleurs du CNPA (Conseil national des professions de l’automobile) qui tiennent lundi et mardi leur congrès national à Deauville (Calvados).
Aujourd’hui, l’usage de la pièce d’occasion reste marginal : son marché ne représente qu’1Md d’euros sur 53Mds en tout pour la pièce de rechange (maintenance et réparation). Elle intéresse pourtant les assureurs mutualistes Macif et Maif, qui testent depuis peu, et pour un an, la mesure dans différentes régions.
Les avantages des pièces d’occasion
L’utilisation de pièces d’occasion (ou « de réemploi ») pour des réparations présente plusieurs avantages, énumère M. Poincelet. « Elle répond aux problématiques environnementales et permet le maintien d’emploi en France » car ces pièces proviennent de casses implantées dans l’Hexagone.
En plus, elle permet de « réduire l’envolée des prix des pièces neuves », complète Alain Martel, directeur des assurances dommages à la Macif, et donc le montant de la facture pour les assureurs qui vu ont flamber leurs coûts en 2010, ce qui devrait se traduire par des hausses des tarifs d’assurance auto. Pour les particuliers, l’avantage immédiat serait de pouvoir sauver des véhicules accidentés qui en temps normal sont déclarés « économiquement irréparables » car le coût de la réparation est supérieur à leur valeur au moment du sinistre, et voués à la destruction.
Le recours à des pièces de réemploi pourrait aussi profiter aux conducteurs assurés au tiers, responsable d’un accident et qui dans ce cas, ne sont pas remboursés par leur assurance. A terme, l’idée des assureurs est de voir « si nous aurons l’opportunité de faire baisser nos primes d’assurance » et donc d’en faire profiter les sociétaires, explique Olivier Lachaize, directeur de la gestion des réseaux Maif.
Les limites du dispositif
Sur une facture réparation de 1.000 euros, dont 500 euros de main d’œuvre et 500 euros pour les pièces, « on aura une économie de 250 euros si toutes les pièces remplacées le sont par de l’occasion », donne à titre d’exemple Olivier Paranthoën, responsable de la division automobile Maif. Un cas de figure idéal qui ne se présentera pas, avertit M. Poincelet, car toutes les pièces à remplacer ne seront pas disponibles d’occasion. En effet, 75% des collisions correspondent à des chocs avant gauche et les pièces à remplacer dans ce cas sont aussi celles qui sont les moins disponibles dans les casses.
De plus, il ne faut pas espérer faire réparer un véhicule de moins de six ans avec de l’occasion, faute de stock disponible. « La pièce de réemploi ne pourra pas se substituer aux pièces neuves », explique M. Poincelet. Dans un premier temps, les recycleurs veulent référencer 36 pièces de robe
(capot, aile, pare-chocs, rétroviseurs…) qui représentent 80% des réparations automobile, pour les proposer d’occasion et mettre en place un réseau pour connaître les stocks de pièces disponibles. Pas question en revanche de toucher aux parties mécaniques et de sécurité.
Les volumes devraient rester modestes. Les recycleurs espèrent doubler le chiffre d’affaires de la pièce d’occasion à 2 milliards d’euros dans les années qui viennent.
Laure Fillon, Deauville (Calvados), 25 oct 2010 (AFP)
Réparer des voitures accidentées avec des pièces d’occasion : cette solution fait son chemin auprès des assureurs qui y voient un moyen de réduire leur facture.
