Allemagne : Adoption d’une nouvelle réforme de la santé, très critiquée
Le gouvernement allemand a adopté mercredi après des mois de tiraillement une énième réforme de la santé, très critiquée car elle va se traduire par une hausse des cotisations à l’assurance maladie.
“Nous avons le meilleur système de santé du monde, mais nous devenons de plus en plus âgés”, a argumenté dans un entretien télévisé l’artisan du texte adopté en Conseil des ministres, le ministre libéral de la Santé Philipp Rösler. “Quelqu’un doit payer pour tout cela”, a-t-il poursuivi, qualifiant la réforme de “dure mais nécessaire”.
Pour les assurés du système public, les cotisations vont passer à 15,5% du salaire brut, contre 14,9% à l’heure actuelle. Salariés et employeurs vont se partager les coûts de cette augmentation, qui assure le financement du système pour 2011.
Au-delà de cette date, les dépenses supplémentaire seront à la charge des seuls assurés sous forme de cotisations forfaitaires, indépendantes de leurs revenus. Un système complexe et pas encore au point de compensation doit garantir que ces cotisations supplémentaires ne dépassent pas 2% du salaire brut.
M. Rösler, médecin de formation, est sous le feu des critiques en particulier pour avoir épargné les assurés des caisses privées.
Les quelque 160 caisses publiques d’assurance maladie cohabitent en Allemagne avec des caisses privées, réservées aux professions libérales et aux salariés qui gagnent plus de 50.000 euros par an. Quelque 10% des Allemands sont assurés auprès de celles-ci, et notamment une grande partie de l’électorat du FDP.
L’opposition, qui a le vent en poupe alors que la coalition gouvernementale perd des points de sondage en sondage, a dénoncé “une politique de clientélisme effrontée”. Selon une récente enquête d’opinion, plus d’un Allemand sur deux désapprouve la réforme.
Même chez les conservateurs CDU/CSU de la chancelière Angela Merkel, cette réforme est contestée. Pomme de discorde majeure au sein d’un gouvernement divisé sur beaucoup de sujets, elle a d’ailleurs fait l’objet de houleuses négociations.
La coalition de Mme Merkel avait fait d’une refonte du système un de ses projets phares, mais au final cette énième réforme — le système a déjà été remanié en profondeur en 2006, puis en 2008 — se traduit essentiellement par une augmentation des cotisations.
La loi doit encore être adoptée par les députés du Bundestag. M. Rösler espère ne pas avoir besoin de l’aval de la chambre haute, le Bundesrat, une étape que l’opposition et les Etats régionaux estiment toutefois indispensable. Mais la coalition conservateurs/libéraux n’y détient pas la majorité.
Berlin, 22 septembre 2010 (AFP)