Assurance maladie : les Américains obligés de s’assurer en santé avec l’Obamacare
Lundi était la date limite pour souscrire une assurance maladie aux Etats-Unis dans le cadre de la réforme de la santé de Barack Obama (Obamacare), une révolution qui n’a pas été la catastrophe annoncée par certains mais qui divise toujours le pays.
Le but premier de cette réforme, lancée en octobre, est de pourvoir une assurance maladie à plus de 40 millions d’Américains qui en étaient dépourvus. S’assurer devient obligatoire sous peine d’amende pour les retardataires ou les récalcitrants. Les Américains peuvent aller sur des plateformes Internet où ils comparent des polices d’assurances santé privées. La concurrence doit faire baisser les prix et certains bas revenus peuvent bénéficier d’aides publiques.
Il faudra attendre plusieurs mois avant de tirer des enseignements clairs de cette réforme baptisée “Obamacare”, qui doit permettre à des millions d’Américains privés d’assurance maladie jusque-là d’être enfin couverts.
S’appuyant sur les derniers chiffres disponibles, la Maison Blanche met déjà en avant un bilan positif. “Il y a eu une très belle histoire après les sombres mois d’octobre et novembre“, quand la réforme avait été lancée avec de sérieux ratés, s’est félicité son porte-parole, Jay Carney. En effet, après des débuts catastrophiques du site internet où les citoyens étaient invités à s’enregistrer, à l’automne dernier, le retard a presque été rattrapé et les adhésions se sont accélérées pour atteindre un total de plus de six millions de nouvelles inscriptions la semaine dernière, selon la Maison Blanche.
L’objectif initial, fixé à sept millions d’inscrits au 31 mars par l’exécutif américain, était même presque en passe d’être atteint au cours d’une dernière journée animée lundi.
Ainsi, l’afflux de demandes de dernière minute a été tel que le site internet dédié a une nouvelle fois connu des ratés, submergé durant quelques heures, puis réparé dans la journée. Dans l’après-midi, le site Healthcare.gov comptait 1,6 million de visiteurs, un record.
La grande réforme d’Obama (Obamacare)
Obamacare, qui instille un changement majeur dans le secteur de la santé aux États-Unis, sera vraisemblablement le principal héritage du président Obama au niveau politique intérieure.
Son adoption a fait l’objet d’interminables batailles entre les démocrates et les républicains, qui sont férocement opposés à cette réforme. Obamacare a également plombé la cote de popularité du président, tombée aux alentours des 40%, et ses alliés démocrates craignent que cette loi ne fasse le jeu des républicains aux prochaines élections de mi-mandat, en novembre.
Ces derniers, adversaires infatigables de la réforme, n’ont d’ailleurs pas manqué de dénigrer les bons résultats annoncés, d’autant que les chiffres avancés manquent de précision. Ainsi, on ne sait pas quelle proportion de jeunes adultes se sont inscrits, une catégorie d’assurés cruciale pour la réussite de la réforme.
En effet, il faut un maximum de jeunes inscrits pour compenser les coûts supérieurs des patients plus âgés ou atteints de maladies graves. Et si l’âge moyen des assurés est trop élevé, les cotisations augmenteront l’année prochaine.
On ne sait pas non plus si tous les nouveaux inscrits ont effectivement payé leurs cotisations, pas plus que les autorités n’ont précisé la proportion de personnes enrôlées qui étaient totalement privées de toute couverture maladie auparavant.
D’une manière générale, Obamacare reste impopulaire : un récent sondage a montré que seulement 41% des personnes interrogées approuvaient cette réforme, contre 53% qui y sont opposées. Illustration de la division politique à ce sujet, 72% des démocrates soutiennent Obamacare, mais les républicains ne sont que 8% à l’appuyer. Les adversaires politiques de M. Obama y voient une intrusion intolérable du gouvernement dans le marché de la santé privée.
Un argument qui pourrait bien séduire les électeurs aux prochaines élections du mois de novembre. Les républicains possèdent déjà la majorité à la Chambre des représentants et les démocrates craignent par dessus tout de perdre l’avantage dont ils disposent au Sénat lors de cette échéance.