Assurance optique : face aux accusations de fraudes, Optic 2000 et les mutuelles santé se défendent
Après la présentation de l’enquête UFC Que Choisir sur les fraudes des opticiens aux complémentaires santé (surtout les indépendants), le réseau Optic 2000 et les mutuelles se disent prêts à éviter tous les abus.
Dans une enquête avec des “clients mystères“, chargés de jouer les faux clients avec des caméras cachées, l’association de consommateur UFC Que Choisir a mis au grand jour les pratiques de fraudes de nombreux opticiens.
L’enquête, présentée mardi 20 mai et réalisée en novembre dernier, montre que 18% des opticiens pratiquent “l’ajustement” qui consiste à adapter le prix des lunettes à la limite haute du taux de remboursement des mutuelles. Par exemple, ils font gonfler leurs prix sur des verres bien remboursés par la mutuelle et baissent les prix sur des montures moins bien remboursées afin que le client n’ait pas de reste à charge et puise acheter le meilleur modèle. Mais ils trichent sur les prix pour les adapter au contrat de complémentaire santé dont dispose le client.
Cette pratique, illégale, est plus fréquente chez les indépendants (presque 30%) que dans les grandes enseignes franchisées (presque 12%). Mais dans des réseaux comme Optic 2000 ou GrandOptical, cette proposition est fréquente dans plus de 15% des cas, assure l’association de consommateurs.
A noter néanmoins : l’enquête montre que la première solution proposée par les opticiens, avant d’envisager la fraude, est de s’orienter vers des montures moins chères (28% des cas). Dans 18% des cas, l’arrangement sur la facture est proposé. Et , par ailleurs, 16% des vendeurs ont consenti une remise exceptionnelle et 13% ont proposé un paiement en plusieurs mensualités.
Optic 2000 et les mutuelles répondent
Optic 2000 a réagi aujourd’hui, mercredi 21 mai, en soulignant dans un communiqué que “fort heureusement la quasi-totalité des opticiens effectue au quotidien un travail professionnel et respectueux des règles au profit des consommateurs. Nous condamnons bien entendu les abus qui peuvent être démontrés et sommes tout à fait favorables à des sondages aléatoires en magasin“.
L’enseigne précise qu’elle a engagé de longues dates des actions “pour normaliser les pratiques de vente de notre réseau en conformité avec la loi“, reconnaissant dans le même temps l’existence de ces abus.
“Nous avons par ailleurs depuis plus de 10 ans développé un outil informatique rendu obligatoire et qui permet de maîtriser l’application des tarifs selon les règles en vigueur du devis à la facture et jusqu’à l’envoi à la sécurité sociale et aux complémentaires santé dans le cadre du remboursement. Cet outil comprend également l’aide à la mise en œuvre des tarifs négociés entre l’opticien et les complémentaires santé dans le cadre du contrat santé de notre client“, explique Optic 2000.
Dans ce dossier, les mutuelles sont aussi critiquées pour leur laisser-faire qui légitime le système. Car si l’assuré peut s’estimer avantagé par cette fraude qui lui permet de diminuer ou supprimer son reste à charge, il paiera in fine ses lunettes au prix fort. “Les sommes remboursées se transforment en cotisations. Les complémentaires santé prélèvent ce qu’elles reversent au consommateur”, expliquait au micro de News assurances, Mathieu Escot, chargé de mission pour UFC Que Choisir. Les remboursements élevés d’aujourd’hui sont les primes élevées de demain.
La Mutualité Française qui fédère la quasi-totalité des mutuelles santé en France, se range pourtant derrière les critiques formulées par UFC Que Choisir et le rapport de la Cour des comptes qui dénonçait en septembre 2013 l’inflation des prix en optique.
“C’est une situation intenable, qui favorise le renoncement aux soins. Cette enquête rend d’autant plus nécessaires les propositions que nous faisons de réguler ce marché par la limitation des remboursements et d’autant plus actuel le développement rapide des réseaux d’optique conventionnés“, défend Étienne Caniard, président de la Mutualité Française,dans un communiqué. Dans ces réseaux, “le panier moyen d’un adhérent d’une mutuelle pour un équipement optique est en moyenne inférieur de près de 30 % au prix moyen constaté hors réseaux“, fait valoir la Mutualité Française.
Avec les mutuelles et professionnels de santé, le gouvernement planche sur une nouvelle réglementation qui doit venir plafonner le montant maximum pouvant être remboursé par les complémentaires santé afin d’espérer faire bouger les opticiens qui abaisseraient leurs prix.