Les génériques: le taux de substitution n’est pas atteint
Depuis leur apparition en France en 1999, pour contribuer à réduire le déficit de l’Assurance Maladie, les médicaments génériques font beaucoup de bruit au sein des professionnels de santé. En effet, entre les pharmaciens qui soutiennent la distribution des génériques et certains médecins qui refusent de les prescrire, les Français semblent un peu perdus. Et les objectifs ne sont pas atteints.
La France, contrairement à certains pays voisins, accumule un retard en matière de médicaments génériques. Ces derniers, depuis quelques années, créent une vraie polémique, au sein du corps médical et scientifique, mais également parmi les malades. Et ce sont les objectifs de l’Assurance maladie qui en pâtissent.
Les études et les inquiétudes
Entre un médicament générique et un médicament de marque, les Français ont encore du mal à faire leur choix. Selon l’étude commandée par le PHR, groupement des pharmaciens français, seuls 55% des patients acceptent un générique à la place d’un princeps en pharmacie (-7 points depuis 2011), même si 31% considèrent que la substitution d’un générique dépendrait du type de médicament.
L’étude, reprise par l’AFP ce jeudi 27 novembre, précise que les patients français reconnaissent tout de même certains avantages aux génériques. En effet, 79% les jugent plus économiques et 70% aussi efficaces que les princeps. Ainsi 64% des Français confirment leur sûreté (+4 points depuis 2013), ce qui ne les empêche pas de remettre en cause leur utilisation.
Paradoxalement, le 17 novembre, la Mutuelle des Hospitaliers et des professionnels de la santé et du social (MNH) a publié dans un communiqué que 85% des Français sont prêts à consommer des génériques systématiquement. Parmi eux, 58% sont d’accord pour commencer dès aujourd’hui, tandis que 27% souhaiterait en discuter avec leur médecin.
Les médecins sont pointés du doigt
En effet, l’avis du médecin traitant dans ce choix a un certain poids pour les patients. Pour autant, les médecins généralistes qui s’opposent aux médicaments génériques semblent majoritaires.
Selon les estimations, faites en juillet 2014, de l’Assurance maladie, si les médecins prescrivaient plus de génériques, près de 500 millions d’euros d’économie seraient réalisée. Actuellement, 82% des médicaments délivrés en pharmacie sont des génériques, mais ceux-ci ne sont prescrits qu’à hauteur de 40%.
Le président de la Fédération des médecins généralistes (MG de France), Dr Claude Leicher, se défends des accusations portées à l’égard des médecins “Aujourd’hui il y a plus de discutions concernant les génériques. Le nombre des médecins qui ne veulent pas les prescrire est très limité.”
Objectif national
Les pharmaciens, à leur tour, souhaitent améliorer le taux de substitution des médicaments princeps au profit des génériques. L’AFP rapporte que selon Lucien Bennatan, pharmacien et président du Groupe PHR, “compte tenu de l’enjeu citoyen du générique par notre Sécurité sociale, et afin de corriger la désinformation, il est de la responsabilité des pouvoirs publics de faire une grande campagne d’information et de soutenir les efforts des pharmaciens.”
“Aucune étude médicale, sérieuse, ne démontre que les génériques ne sont pas au même niveau que les autres médicaments”, réagit Jean-Luc Nicollet, Directeur de la CPAM de Rouen, invité du 19/20 de France 3, mardi 25 novembre. “Toutes les autorités sanitaires et scientifiques du pays, en Europe et dans le monde, ont maintenant fait la preuve que les médicaments génériques remplacent le princeps et qu’il n’y a pas plus d’effet secondaire qu’avec les médicaments de marques”, explique-t-il à la présentatrice du journal.
Il rappelle que l’objectif national de taux de substitution à atteindre est de 85%. Actuellement, ce taux est de 60%.