Santé : Vers un médecin traitant attitré pour chaque enfant?

Projet de loi santé prévoit un médecin traitant pour les enfants de 0 à 16 ans. Une mesure contestée au détriment des pédiatres.

 Généraliste ou pédiatre, les familles pourront bientôt désigner un médecin traitant pour leur enfant. La mesure, inscrite dans le projet de loi santé présentée mercredi en conseil des ministres, se veut le gage d’un meilleur suivi des 0-16 ans, mais laisse sceptiques les spécialistes.

Ce médecin traitant sera chargé de réaliser les consultations prévues tout au long de la croissance de l’enfant. Affirmer ainsi “le rôle pivot du médecin traitant dans le suivi du parcours de soins des enfants” permettra de renforcer le dépistage précoce de l’obésité, des troubles de l’apprentissage ou, plus tard, des conduites addictives, explique une récente version du projet de loi.

“La bonne connaissance de l’environnement social et familial est un atout utile pour le suivi de l’enfant”,  fait valoir MG-France porteur du projet. Pour ce premier syndicat chez les médecins généralistes, ce dispositif est une “reconnaissance” de leur travail au long cours auprès des patients.

Manque de pédiatres en France

Dans les faits, 71% des actes concernant les enfants de 0 à 16 ans sont effectués par un généraliste, 15% par un pédiatre. Alors que les parents ont la liberté de choisir, cette nette prédominance des généralistes s’explique notamment par la pénurie de pédiatres et les disparités criantes de répartition selon les régions (près de 2.000 pédiatres en Ile-de-France, 120 en Poitou-Charentes). Et sur les 7.000 pédiatres exerçant en France, seuls 1.750 environ travaillent en libéral, les autres exercent en grande partie à l’hôpital.

“Pour pallier un défaut d’organisation (…) on va créer un système qui ne va pas pour autant régler les problèmes, loin de là”, estime le Professeur Brigitte Chabrol, présidente de la Société Française de Pédiatrie. “La notion de médecin traitant nous semble un peu figée et risque de faire perdurer l’absence de coordination entre les médecins généralistes et les pédiatres”, déclare le Professeur Chabrol. Comme d’autres pédiatres, elle regrette que les généralistes se tournent trop souvent vers les pédiatres hospitaliers et les services d’urgences pour demander des avis, au lieu d’adresser des patients aux pédiatres ambulatoires.

Un coût pour l’Assurance maladie 

 Les enseignements tirés de l’instauration, en 2004, du médecin traitant pour les plus de 16 ans, ne plaident pas pour l’élargissement du dispositif aux enfants. La Cour des comptes avait en effet critiqué sévèrement en 2013 cette “réforme inaboutie” et vidée de son “contenu médical de parcours de soins coordonné”.

“Le dispositif est demeuré un parcours essentiellement tarifaire, au demeurant peu compréhensible par les assurés” et qui a alourdi leur reste à charge. La coercition a joué pour beaucoup dans l’adhésion massive des assurés (90%), les pénalités financières dissuadant les patients de consulter un spécialiste sans passer par la case médecin traitant, estimait la Cour des comptes.

La future loi santé ne prévoit toutefois pas de pénalité si des parents vont consulter un pédiatre sans avis du médecin traitant généraliste (ou vice-versa). Mais le dispositif aura un coût pour l’Assurance maladie: avec plus de 800.000 naissances chaque année, et à raison de 5 euros par enfant correspondant au forfait versé pour le médecin traitant, la mesure coûtera 65 millions d’euros.

“Le principe unique du médecin traitant ne suffit pas. Il n’y a pas eu d’étude financière qui expliquerait qu’on va faire une économie de santé, il n’y a rien derrière, c’est vide”, dit le syndicat national des pédiatres français. Il souligne que les pédiatres ont quatre ans de formation pour leur spécialité, contre trois de formation en médecine interne de l’enfant pour les généralistes.

Plus qu’une mesure coûteuse, les pédiatres interrogés par l’AFP plaident donc pour l’instauration jusqu’à 16 ans de rendez-vous incontournables avec les enfants aux âges clés de leur développement pour essayer de dépister des anomalies. Pour cela, il faudrait un plan national global de prise en charge, et surtout, ouvrir le numerus clausus en pédiatrie, réclament-ils.

(Avec AFP)


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