Santé: l’accès aux soins de base sera préservé en Europe
Examens médicaux, remboursements, consultations de spécialistes, interventions chirurgicales: l’accès aux soins de base a été préservé dans la majorité des pays européens, malgré la baisse des dépenses de santé liée à la crise, montre un rapport de l’OCDE.
“Plusieurs pays ont fait attention, n’ont pas appliqué de politiques qui auraient eu un impact sévère sur les populations les plus désavantagées et ont mis en place des mesures d’urgence”, explique à l‘AFP Gaëtan Lafortune, économiste à la division de la santé de l’Organisation de coopération et de développement économiques.
Dans son panorama de la santé en 2014 en Europe, l’OCDE s’est penchée sur les 28 pays de l’Union européenne pour évaluer la qualité de l’accès aux soins en fonction de critères financiers (remboursements), mais aussi géographiques (distance entre l’hôpital ou le médecin et le patient) et de délais d’attente.
Elle y pointe une baisse des dépenses de santé dans les pays de l’Union européenne entre 2009 et 2012, en moyenne de 0,6% chaque année. Après des hausses annuelles moyennes de 4,7% entre 2000 et 2009.
Coupes budgétaires, réductions de salaires et de personnel ou encore baisse des remboursements liées à la crise expliquent ces coupes, qui ont affecté différemment les pays.
Par exemple, la croissance des dépenses de santé a ralenti en Allemagne, avec une moyenne annuelle de 1,8% de 2009 à 2012, contre 2,1% de 2000 à 2009.
En France, où les dépenses de santé par personne atteignaient 3. 220 euros contre 2. 193 en moyenne dans l’Europe des 28, l’augmentation annuelle était de 0,8% de 2009 à 2012 (+2% de 2000 à 2009).
Espérance de vie en hausse
Malgré tout, la plupart des pays européens ont un système de couverture de santé universel ou quasi-universel qui a permis de protéger l’accès aux soins de base, observe l’OCDE.
Même dans les pays les plus touchés par la crise, des mesures ont été mises en place pour maintenir l’accès aux soins des populations plus fragiles.
Au Portugal, par exemple, les remboursements de soins de santé ont baissé pour la majorité de la population, mais le nombre de patients exemptés de restes à charge a augmenté, relève l’OCDE.
Fait notable: les Portugais étaient moins nombreux à déclarer des “besoins de soins non satisfaits” pour raisons financières (34%) en 2011 qu’avant la crise en 2007 (49%).
Autre exemple, la Grèce. La population couverte par un contrat d’assurance maladie s’est réduite ces dernières années, notamment chez les chômeurs de longue durée. Toutefois, les non-assurés sont remboursés pour des prescriptions de médicaments et lors d’hospitalisation d’urgence depuis juin 2014, fait valoir l’étude.
“Cela n’a pas été la catastrophe, mais il ne faut pas minimiser l’impact que la crise a eu sur certaines populations, les plus démunies ou les immigrants sans papier déjà à la marge en temps normal”, précise toutefois Gaëtan Lafortune.
En outre, les problèmes d’accès géographiques ou de délais d’attente, s’ils ne sont pas nouveaux, ont été aggravés par la crise, souligne l’économiste.
Enfin, si l’OCDE constate une augmentation du nombre de médecins dans toute l’Europe, la majorité des praticiens se concentre dans les capitales et les zones urbaines, tandis qu’une pénurie de généralistes continue de pénaliser les zones rurales.
Une bonne nouvelle cependant, l’espérance de vie a nettement progressé en moyenne depuis les années 90 dans l’Union européenne, s’établissant à 79,2 ans en 2012 soit 5,1 ans de plus qu’en 1990.C’est en France que l’espérance de vie à 80 ans est la plus élevée (11.8 ans pour les femmes et 9.2 pour les hommes).
(Avec AFP)