Assurance récolte : “Le contrat socle permet de redémarrer l’activité, c’est une assurance coup dur” (Groupama)
François Schmitt, Président de Groupama Grand Est et chargé des questions agricoles au sein de la Fédération Nationale Groupama, livre son point de vue sur le futur contrat socle de l’assurance récolte annoncé par le gouvernement.
Face aux orages de grêles, sécheresses, inondations… les agriculteurs sont peu protégés. Pourtant, l’assurance récolte, créée en 2005, permet de couvrir de nombreux risques climatiques, mais peine à décoller. Le 10 juillet dernier, le gouvernement a annoncé l’expérimentation prochaine d’un nouveau produit pour l’assurance récolte : le contrat socle.
Quel bilan pour l’assurance récolte ?
Depuis 2005 et le lancement de l’assurance récolte, d’importantes garanties contre les risques climatiques (autre que la grêle) peuvent être souscrites par les agriculteurs, avec des primes subventionnées par l’État. Mais, les résultats sont décevants. Selon le ministère de l’Agriculture, 30,6% des surfaces agricoles étaient assurées en 2013 contre 27% en 2010.
Du côté de l’assurance, l’équilibre technique n’est pas atteint depuis 2005. Surtout ces dernières années qui ont coûté beaucoup plus cher en sinistres qu’elles n’ont rapporté. Le principal risque est finalement de voir les agriculteurs n’assurer que leurs cultures les plus exposées, et voir le déséquilibre perdurer.
Quel est l’intérêt du contrat socle pour l’assurance récolte?
Pour que la mutualisation des risques s’effectue correctement et que l’on atteigne un équilibre technique, il faudrait qu’un grand nombre d’agriculteurs se protège, pour atteindre deux-tiers des surfaces agricoles couvertes. Le contrat socle vise cet objectif en diffusant l’assurance auprès du plus grand nombre.
L’avantage du contrat socle est de proposer une couverture des coûts de production et non une indemnisation en fonction des pertes subies. Le capital assuré n’est pas la récolte à l’hectare mais les coûts de production engagés (encore faudra-t-il arriver à déterminer ce qu’est un coût de production et comment on peut le chiffrer régions par régions).
Ce produit constitue une première couverture de base (prévue pour fin 2015) qui pourrait être complétée par l’agriculteur par d’autres assurances. Le contrat socle permet de redémarrer l’activité, relancer un cycle de production en indemnisant les coûts de production de l’année. C’est une assurance coup dur.
Le contrat socle peut-il protéger les agriculteurs efficacement?
Groupama voit d’un bon œil le lancement de ce produit associé à l’octroi de subventions supplémentaires.
Nous avons surtout besoin de développer la culture de la gestion du risque auprès des agriculteurs. On a, en France, tendance à tout attendre de l’État providence, à faire appel à l’État en cas de grosses intempéries par des dégrèvements de taxes foncières, des reports de charges, des prêts à taux zéro…
Or, l’État a de moins en moins les moyens de cette solidarité et c’est aux agriculteurs de se prendre en charge. Il faut dès à présent préparer les futures orientations de la PAC 2020 en développant l’assurance et la préparation aux risques. On peut le voir aux États-Unis, la gestion collective du risque coûte moins cher que les subventions directes qui ont été arrêtées. 70% des cultures sont ainsi couvertes.
En tant qu’assureur, constatez-vous plus d’intempéries, des risques qui augmentent ?
Concernant le risque de grêle, sur les 5 dernières années, sa fréquence a été multipliée par 3 par rapport aux 15 années précédentes. Il s’agit peut-être d’un pic mais les phénomènes intenses sont plus impressionnants. Les derniers épisodes de grêle avec des grêlons parfois gros comme des balles de tennis en sont l’illustration. Pour un agriculteur, le mauvais temps, c’est surtout le temps qui dure, qui se prolonge.
Autre exemple : la date des vendanges est de plus en plus précoce, c’est la constatation que le cumul des températures est important et qu’il faut s’y préparer.
2 commentaires sur
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Le vrai sujet n’est pas d’assurer les conséquences du dérèglement climatique mais de commencer à le gérer à l’échelle mondiale.
Pour cela il faut d’abord reconnaitre l’existence de ce dérèglement, or on voit bien le déni permanent y compris dans l’intervention de ce Mr Schmitt: ‘il s’agit peut-être d’un pic’ou encore ‘ cumul des températures’ quand il s’agit de désigner le réchauffement climatique. Il faut dire que le monde agricole prend sa part de l’émission de CO2 dans le monde, sans compter l’usage des pesticides, antibiotiques, pollution des nappes phréatiques etc…
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