Retraite / Etat des lieux : Le système de retraite français est-il encore viable ?
Le 12ème rapport du COR (conseil d’orientation des retraites) vient d’être adopté ce mercredi 23 janvier en conseil des ministres. Il y dresse l’état des lieux d’un système de retraite qui, malgré quelques notes positives, s’essouffle irrémédiablement, tant financièrement que socialement.
Le 12ème compte rendu du COR “Retraites : un état des lieux du système français” vient d’être adopté ce mercredi 23 janvier en conseil des ministres. Il succède au 11ème et précédent rapport “Retraites : perspectives 2020, 2040, 2060”, approuvé le mois passé. Ce dernier avait mis en exergue l’urgence financière à laquelle les caisses de retraite françaises sont confrontées. En 2011, les besoins du système de retraite s’élevaient à 14Mds d’euros. Une trésorerie qui ploie de façon inquiétante et met à mal les perspectives d’avenir du système.
Dans ce contexte préoccupant, les 11ème et 12ème rapports ont eu pour vocation de constituer un support global de données chiffrées et de repères techniques. Un recueil précis et solide qui servira de point d’ancrage en vue d’une nouvelle réforme.
Des réussites et des défaillances
Pour démystifier et étudier l’état du système actuel, le 12ème rapport du COR s’est attaché à discerner si tous les objectifs fixés lors de la mise en place de la dernière réforme avaient été atteints. Les retraités bénéficient-ils d’un niveau de vie suffisant ? Ce dispositif d’envergure est-il accessible et transparent ? Fait-il preuve d’équité intergénérationnelle et de solidarité intragénérationnelle ? S’inscrit-il dans une pérennité financière ? Les écarts de pension entre hommes et femmes ont-ils été amoindris ?
S’interroger via le prisme des buts imposés aura permis au COR de déceler quelques réussites au sein du système actuel. Ainsi est-il louable de lui attribuer un certain succès quant au gommage des inégalités financières entre, d’une part actifs et retraités, et d’autre part pensions masculines et féminines. Les iniquités n’en sont pas pour autant toutes effacées. Le calcul des pensions désavantage aujourd’hui grandement les travailleurs ayant eu des carrières courtes.
Les propositions
En vue de dévier le système de sa pente ascendante, le COR a réfléchi à des propositions. Le conseil précise qu’il ne s’agit aucunement d’axes de réforme mais de pistes de travail hypothétiques.
Ainsi le COR préconise-t-il de laisser le dispositif reposer sur un système d’annuités. De ne rien modifier au niveau moyen des retraites mais de se concentrer la redistribution et l’élaboration de nouvelles bases de calcul (occulter la base de référence des 25 meilleures années et comptabiliser toute la carrière, en omettant éventuellement les très mauvaises années).
Il recommande également de faire évoluer la règle des 200h au SMIC horaire pour la validation de trimestres, mais aussi de changer les critères pour l’ouverture des droits à la retraite (adéquation entre durée de cotisation et départ à l’age légal).
Parmi les ultimes propositions, le COR conseille une modulation des pensions en fonction de l’age de départ à la retraite et une meilleure compensation à la retraite des accidents de carrière. D’améliorer également le ciblage, l’incidence et la proportionnalité des droits familiaux, de s’interroger sur la prise en compte des périodes d’éducation des enfants et de réactualiser le calcul du montant de reversion en n’omettant aucun changement de situation tels que les divorces et les séparations.
A la vue de tous ces éléments, il revient désormais aux pouvoirs publics et aux partenaires sociaux de réfléchir à des pistes et des solutions afin de garantir la viabilité du système de retraite français. Les concertations s’amorceront dans les prochains mois.