Braquages : Quelles assurances contre les vols de bijoux de luxe ?
Trois jours après le braquage de la maison Leviev, c’est un horloger de luxe de Cannes qui vient d’être victime, ce mercredi, d’un vol à main armée. Des assurances spécialisées contre les vols de bijoux existent, mais devant la recrudescence de ce type de larcins, les compagnies d’assurances sont de plus en plus rares et réticentes.
La Croisette semble être l’endroit rêvé pour les braqueurs. Trois jours après le vol record du bijoutier Leviev à l’hôtel Carlton (plus de 100M d’euros de préjudice), c’est l’horloger de luxe Kronometry (situé en face du palais des festivals) qui s’est fait braquer par deux malfaiteurs munis d’armes de poing et de grenades. Ces derniers se sont emparés d’une quarantaine de montres pour un montant inconnu à l’heure actuelle.
La police judiciaire de Nice est saisie de l’enquête sur ce vol, qui survient après un précédent en février chez ce même horloger, où avaient alors été dérobées quelque 150 montres, d’une valeur estimée à 1M d’euros, rappel l’AFP.
Quelles assurances pour ce type de vol ?
Suivant qu’il s’agisse d’une exposition, d’un transport ou d’une vente en boutique spécialisée, les contrats d’assurance contre le vol de bijoux de luxe varient en fonction de nombreux critères.
Dans la grande majorité des cas, les contrats sont dits « tous risques sauf », c’est-à-dire que tous les risques sont couverts excepté ceux explicitement indiqués dans les exclusions de garantie des contrats. L’assurance couvre généralement le montant du stock de la bijouterie concernée par le contrat mais les compagnies exigent des joailliers qu’ils mettent en place des systèmes de sécurité performants (qualité du vitrage, télésurveillance, alarme…). Cette obligation contractuelle détermine le montant des primes tout comme la géolocalisation d’une boutique ou sa fréquence à être braquée.
Certains assureurs ne couvrent par exemple que le prix fabricant des bijoux (soit environ la moitié de la valeur des bijoux après que ceux-ci aient été retravaillés). Le prix des cotisations peut varier en moyenne de 2 à 3% de la valeur agréée.
En cas de braquage
Une fois qu’un braquage a eu lieu, un expert mandaté par la compagnie d’assurance, procède à l’évaluation des biens dérobés. Il vérifie également que les circonstances du sinistre n’entrent pas dans le champ des exclusions du contrat souscrit. Une porte laissée ouverte, des conditions de sécurité insuffisantes par rapport aux dispositions du contrat et la bijouterie aura de grandes difficultés pour se faire rembourser.
Très difficiles à écouler, les bijoux issus de braquages sont parfois retrouvés. Les règles d’indemnisation prévoient alors deux cas de figure. Si tout le butin est retrouvé avant le versement de l’indemnité, l’assurance ne verse rien ou une compensation si seulement une partie des marchandises a été récupérée. Dans le cas où elles ont été retrouvées après le versement de l’indemnité, la compagnie d’assurance devient propriétaire du butin. Le bijoutier est prioritaire pour le rachat éventuel des biens qui lui ont été dérobés, mais il n’est pas obligé de les récupérer.
Des assurances de plus en plus réticentes
Entre la hausse des braquages (+60% depuis 2007 selon les professionnels) et la valeur grandissante des bijoux et des marchandises à couvrir, les compagnies d’assurances spécialisées sur ce créneau deviennent rares et réticentes.
“Avec environ 600 braquages de bijouteries l’année dernière, 350 à 400 cette année, les statistiques empirent d’année en année. La criminalité augmente fortement depuis 2009 avec la hausse du cours de l’or”, commente pour News Assurances PRO Gilles Caudrelier, responsable HBJO (Horlogerie Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie) chez le courtier en assurances Verspieren.
Il y a aujourd’hui très peu d’assureurs qui prennent le risque de couvrir les vols de bijoux de luxe. On compte surtout des réassureurs (comprenez assureurs d’assureurs) suisses et allemands (Swiss Re, Hannover Re, Munich Re, Allianz Re) ou encore le marché des Llyod’s, un marché de l’assurance britannique où les compagnies et les courtiers en assurances se réunissent pour couvrir conjointement les risques.