Le monde au bord d’une pandémie de Grippe porcine : L’OMS relève son niveau d’alerte
Le monde n’est plus qu’à deux points d’une pandémie de grippe porcine, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a relevé son niveau d’alerte à 4 sur une échelle de 6.
Sur le conseil de son comité d’experts, réuni lundi avec un jour d’avance sur le programme prévu, la directrice générale de l’OMS Margaret Chan a décidé de faire passer le niveau d’alerte de 3 à 4, a annoncé à la presse le numéro deux de l’organisation, le Dr Keiji Fukuda.
Cela signifie une “augmentation significative du risque de pandémie” mais, “à ce stade, l’OMS ne considère pas que la pandémie est inévitable”, selon l’adjoint au directeur général de l’OMS, chargé de la sécurité sanitaire.
Dimanche, l’OMS avait averti que le virus peut muter et “devenir beaucoup plus dangereux”.
Désormais, étant donné la multiplication de cas avérés ou probables, aucune région du monde n’est à l’abri du virus de la grippe porcine apparu au Mexique et aux Etats-Unis, a souligné le Dr Fukuda.
L’épidémie de grippe porcine s’est étendue lundi à l’Europe avec trois cas avérés après son apparition au Mexique, où elle pourrait avoir causé la mort de près de 150 personnes. Une quarantaine de cas ont été confirmés aux Etats-Unis.
“A une époque où les gens voyagent en avion très rapidement à travers le monde, il n’y a aucune région où le virus pourrait ne pas s’étendre”, a-t-il expliqué lors d’une conférence téléphonique depuis le siège de l’organisation à Genève.
Pour l’OMS, il ne servirait plus à rien de restreindre les voyages ou de fermer les frontières pour tenter d’enrayer la propagation du virus.
“Le virus s’est déjà propagé”, a observé le numéro deux de l’OMS. Dans ces conditions, “fermer les frontières ou restreindre les voyages n’aurait vraiment que très peu d’effet pour stopper les déplacements de ce virus”, a-t-il expliqué.
“Il faudrait imposer des restrictions de voyage extrêment draconiennes pour avoir un impact sur le déplacement de ce virus”, a insisté le Dr Fukuda.
Pour les experts du Comité d’urgence, le virus est actuellement trop dispersé sur la planète “pour qu’une stratégie de confinement soit faisable”, a-t-il encore ajouté.
En dépit de la gravité de la situation et de son “évolution rapide”, le Comité des experts de l’OMS a longuement hésité avant de recommander de relever le niveau d’alerte, à l’issue de plusieurs heures de débat.
En effet, si le virus a effectivement la capacité de se transmettre d’homme à homme, il ne remplit pas le second critère théoriquement requis pour le passage au niveau d’alerte supérieur : celui de sa “propagation” au sein d’une population.
“Le fait que nous constations clairement une transmission d’être humain à être humain nous a décidé à passer au niveau 4”, a indiqué le Dr Fukuda.
Cependant, il n’y a pas de preuve de la propagation du virus dans un pays, ni qu’il se soit répandu lorsque des personnes infectées ont franchi les frontières du Mexique, a expliqué le responsable de l’OMS en citant notamment les cas des malades diagnostiqués en Espagne et au Royaume Uni à leur retour du Mexique.
Concernant la production de vaccin, qui pourrait s’avérer cruciale en cas d’aggravation de la situation, M. Fukuda a indiqué que l’OMS avait été invitée par les experts à prendre “des mesures pour (en) faciliter le développement”.
Jusqu’à présent, l’organisation a recommandé l’utilisation d’un anti-viral, le Tamiflu, dont elle possède elle-même quelque 5 millions de doses.
AFP