Aux Etats-Unis, les financiers peuvent parier sur le décès d’un détenteur d’assurance vie
Aux États-Unis, les “life settlements” sont des produits financiers qui permettent de racheter une assurance vie d’une personne dont la fin est proche.
L’assurance vie trop sage ? Aux États-Unis, les investisseurs ne s’embarrassent pas des bonnes manières avec les personnes âgées et ont inventé un produit financier appelé “life settlement” qui permet de racheter une assurance vie à un senior ou un malade dont l’espérance de vie est réduite et qui a besoin d’argent.
Traditionnellement, un détenteur d’assurance vie peut demander à récupérer son capital auprès de son assureur avant le dénouement du contrat, c’est ce qu’on appelle le rachat de l’assurance vie. Mais il doit s’acquitter de frais et d’une fiscalité élevés qui réduisent parfois à la portion congrue le capital et intérêts qu’il avait accumulés.
Pour les souscripteurs qui se trouvent face à un besoin urgent de cet argent (personnes gravement malades qui doivent payer des frais de soins importants ou des personnes âgées qui doutent de pouvoir profiter de leur vivant de leur argent sachant leur fin proche), ils peuvent transférer ainsi leur assurance vie à un autre. Ils récupèrent une somme sonnante et trébuchante immédiate et supérieure à ce que leur proposerait l’assureur pour son rachat.
Du côté de l’acheteur du contrat, il devra continuer à verser les primes à l’assureur à la place du souscripteur original. Mais il peut espérer récupérer l’ensemble du capital acquis à la mort de celui-ci auprès de l’assureur. Son gain espéré est constitué de la différence entre le versement du capital et ce qu’il a payé pour racheter le contrat. Il intervient comme un véritable spéculateur, en pariant sur la mort rapide du détenteur du contrat. Dans le cas contraire, il devra continuer à verser des primes en attendant le versement du capital à une date indéterminée.
Une campagne choc
Ce pari sur le décès est devenu une véritable industrie aux États-Unis avec des sociétés comme The Lifeline Program qui ne prennent pas de pincettes dans leurs campagnes publicitaires. Ici, l’actrice américaine Betty White, connue pour sa longue carrière à la télé dans des sitcoms comme Amour, Gloire et Beauté, se lance dans un clip survitaminé financé par la société The Lifeline program.
Historiquement, ces produits financiers ont été créés dans les années 80 et étaient destinés aux malades du sida qui disposaient d’assurance vie. Avec des traitements particulièrement onéreux, ils préféraient vendre leur assurance vie à des tiers qui pouvaient, eux, espérer récupérer l’ensemble du capital à la mort précoce du malade.
Le marché s’est développé depuis et s’adresse surtout désormais aux seniors. Les sociétés d’investissement qui rachètent et vendent ses contrats en masse, trouvent des produits presque totalement déconnectés des marchés financiers. Car leurs rendements ne reposent finalement que sur le calcul de l’espérance de vie du souscripteur.
Les investisseurs diversifient ainsi leurs placements et s’assurent une source de revenus assez réguliers qui réduisent la volatilité tant redoutée des marchés financiers.
