Intempéries : 39 morts et 43 disparus dans des glissements de terrain à Hiroshima
Le bilan des glissements de terrain survenus à Hiroshima s’est encore alourdi jeudi soir avec un total de 39 morts et 43 disparus, tandis qu’est pointée du doigt la réaction tardive des autorités de cette ville du sud-ouest du Japon.
Un précédent décompte établi seulement quelques heures plus tôt faisait état de 39 morts et 26 disparus. Les recherches ont été interrompues en début de nuit en raison de nouvelles pluies et d’un danger accru. Un ordre d’évacuation a été émis pour un quartier où résident encore des personnes, après des signalements de nouvelles coulées d’eau en provenance de la montagne.
“D’importantes précipitations sont en outre prévues vendredi en milieu de journée“, a averti l’agence de météo. Plus de 2.500 pompiers, policiers et soldats des forces d’autodéfense ont été dépêchés sur place jeudi.
Aidés de bénévoles, ils ont oeuvrés sous une chaleur de plomb dans les décombres des arrondissements saccagés d’Asaminami et Asakita. “Il y a encore beaucoup de disparus“, a déploré le Premier ministre, Shinzo Abe, lors d’une réunion de crise. “J’ai ordonné d’employer tous les moyens pour les retrouver le plus vite possible et soutenir les réfugiés“, a-t-il poursuivi.
Tous les témoins parlent d’averses et orages effrayants, de bruits terrifiants et d’une forte odeur de terre au moment où s’est produite la catastrophe. Parmi les victimes figurent deux frères de deux et onze ans, piégés dans leur maison, ainsi qu’un garçonnet de trois ans mort dans les bras d’un sauveteur. Selon les médias, son père venait de le remettre à un pompier expérimenté de 53 ans, le suppliant de “sauver au moins cet enfant“. Mais une nouvelle coulée de boue emporta le petit et l’homme venu secourir la famille. Les deux parents ont survécu.
Les zones les plus touchées, au pied d’une montagne, ont été évacuées et un millier de personnes sont hébergées dans des lieux publics, par crainte de nouveaux effondrements ou parce que leur maison n’est plus habitable.
Ces éboulements meurtriers de terre en partie liquéfiée et blocs de pierre mêlés résultent de pluies diluviennes: il est tombé en trois heures plus d’eau qu’en un mois habituellement, selon les météorologues.
Les autorités reconnaissent avoir mal analysé le danger et tardé à demander aux habitants de quitter leurs maisons. Alors que l’agence météorologique avait averti du danger de très violentes pluies dès 22h mardi (14h en France), la municipalité n’a constitué une cellule dédiée que trois heures plus tard, après une mise en garde formelle aux glissements de terrain, d’après les comptes rendus des médias.
Jusqu’à 1.780 employés municipaux se sont certes mobilisés en pleine nuit pour gérer la situation, mais il était déjà 3h30 et les éboulements avaient commencé. L’évacuation a été ordonnée à 4h15 seulement, alors que la terre engorgée dévalait depuis une heure les pentes montagneuses recouvertes de forêts, emportant maisons et véhicules. Pas moins de 30 glissements se sont produits quasi simultanément, selon les premiers rapports des experts du ministère de l’Aménagement du territoire.
Hiroshima est la région du Japon présentée comme la plus sensible à ce genre de phénomènes meurtriers en raison de la nature instable des sols: y sont recensés quelque 32.000 points de risque potentiel, sur 525.000 dans l’ensemble du pays qui compte 47 préfectures.
Face à ce drame, l’empereur et l’impératrice du Japon ont adressé un message de sympathie à la population endeuillée, un réconfort moral toujours apprécié. D’après la presse, des mots de condoléances sont aussi venus de l’étranger, notamment du président de Russie Vladimir Poutine, et du gouvernement de Corée du Sud, des soutiens d’autant plus remarqués que le Japon est en froid avec ces deux pays.
Les autorités redoutent désormais un désastre en chaîne: vu l’état actuel des sols, il suffirait de peu de pluie pour que se produisent de nouvelles coulées de boue, préviennent les experts. Selon l’agence météorologique, les conditions restent très instables du sud-ouest au nord du pays et d’autres régions présentent aussi des risques de très violentes précipitations et de glissements de terrain.
Tokyo, 21 août 2014 (AFP)