Météo France : La sécheresse se renforce, la carte des restrictions d’eau
Une terre craquelée, des feuilles fripées et seulement quelques précipitations éparses annoncées. Depuis le début du mois d’avril, plusieurs départements souffrent d’une sécheresse vigoureuse et tenace, au point de faire l’objet de mesures de restriction d’eau. Une situation inhabituelle à cette période de l’année, qui inquiète de plus en plus les agriculteurs et le gouvernement.
“On n’avait jamais vu un tel phénomène au printemps depuis cinquante ans, assure Etienne Kapikian, ingénieur prévisionniste à Météo-France. Dans de nombreuses régions, notamment dans le nord de la France, les sols sont exceptionnellement secs, dans un état que l’observe habituellement fin juin ou début juillet.”
Il faut dire que le mois dernier a battu des records de chaleur : avec une température moyenne supérieure de 4° C à la normale, il constitue le deuxième mois d’avril le plus chaud depuis 1900, après celui de l’année 2007. Dans le même temps, ces dernières semaines se sont révélées les plus arides depuis 1959. Le déficit de pluviométrie a ainsi atteint 70 % le mois dernier, et 50 % depuis le début de l’année, par rapport aux moyennes saisonnières.
Conséquence : les nappes phréatiques du nord-ouest du pays s’assèchent à vitesse grand V. Au 1er avril, environ 58 % des réservoirs affichaient un niveau inférieur à la normale, selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). “D’habitude, les nappes phréatiques se rechargent au printemps grâce aux pluies hivernales. Elles ne décroissent qu’en mai ou juin, assure l’hydrogéologue Ariane Blum. La situation actuelle nécessite donc d’être vigilants.”
L’état déficitaire des nappes a conduit le gouvernement à décréter des restrictions d’eau. Depuis vendredi 6 mai, 17 départements – contre 9 le 29 avril – sont concernés par des arrêtés préfectoraux, principalement dans l’Ouest, le Nord et le Centre-Est. Les limitations sont les plus importantes en Poitou-Charentes et dans le Val-de-Marne, où les prélèvements, notamment agricoles, sont réduits au moins de moitié cinq jours sur sept.