Orages : Les vignes de Bourgogne sont-elles assurées contre la grêle ?
Ravagés mardi par des orages de grêle, certains vignobles de Bourgogne ont été détruits jusqu’à 90%. La moitié des viticulteurs de la région ne seraient pas assurés.
Le violent épisode orageux qui a touché un grand quart nord-est mardi n’a pas épargné les vignes de Bourgogne. Plusieurs appellations prestigieuses de la région ont été détruites, parfois presque entièrement, au grand désarroi de viticulteurs locaux parfois non protégés face à ce type d’aléas climatiques.
La moitié des viticulteurs non assurés
Selon Séverin Barioz, directeur de la CAVB (Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne) et l’assureur Groupama, environ 50% des viticulteurs locaux seulement sont assurés contre la grêle. Une information que confirme Romain Poirrotte du domaine Jean Vaudoisey, à Volnay “on a la chance d’être assuré, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, parce que c’est très cher”, explique t-il au Figaro.
“Pendant plusieurs dizaine d’années j’étais assuré contre la grêle, mais aujourd’hui j’ai arrêté”, lance de son côté Paul Garaudet, président de l’ODG (Organisme de Défense et de Gestion) de Monthélie. “Avant, les intempéries étaient très localisées, mais aujourd’hui elles touchent souvent plus de 1.000 Ha. Pour les viticulteurs installés de longue date, nous sommes solides, nous pouvons faire face. Mais pour les jeunes qui débutent, les assurances sont indispensables mais encore trop chères”, ajoute ce dernier.
“Pas d’aides particulières”
“La grêle est un risque assurable, il n’y aura donc pas d’aide particulière”, explique Michel Baldassini, vice président du BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne). “Les viticulteurs qui ne sont pas assurés pourront malgré tout bénéficier d’un dégrèvement d’impôts fonciers (accordés aux propriétaires), du soutient des banques grâce à des prêts de trésorerie ou encore un étalement de charges sociales”, poursuit-il en précisant que les experts commenceront à passer dès demain dans les vignobles sinitrés.
Contactée par la rédaction de News Assurances, la préfecture de Côte-d’Or explique qu’une demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle ne peut pas non plus intervenir sur ce genre d’intempéries qui relèvent du volet assurentiel. “Et même si l’état de catastrophe naturelle est décrété, cela ne suffira pas. Récolte ou pas récolte, il faut payer quoiqu’il arrive les frais liés à l’exploitation”, conclut Paul Garaudet.
Comment fonctionne l’assurance des vignes contre la grêle ?
Les vignes sont généralement assurées grâce à deux types de contrats : un contrat “Classique” : grêle et tempête assurées ou un contrat “Assurance Multi-périls sur Récoltes” (AMR) : grêle, tempête, gel, excès d’eau et sécheresse garantis.
“Pour un contrat classique, la garantie s’exprime en valeur par hectare en fonction du rendement et du prix unitaire d’une exploitation”, explique Sandrine Chauveau chez l’Etoile Assurance. “Le viticulteur détermine le niveau de sa garantie grâce à la valeur/ha qu’il a choisie et sa franchise. Son taux de cotisation, exprimé en pourcentage pour chaque péril assuré s’applique proportionnellement au capital assuré”.
“Pour un contrat Multi-périls, c’est plus compliqué. Ce dernier étant subventionné par l’Etat selon un Cahier des Charges bien défini, il implique de nombreuses obligations pour obtenir les aides”, ajoute Sandrine Chauveau. “Là aussi, la détermination de la valeur assurée se fait en fonction du rendement et du prix unitaire. Toutefois, le rendement correspond à une moyenne de production de l’appellation sur les 5 dernières années (en écrêtant l’année du plus fort rendement et celle du plus faible et plafonné aux rendements légalement autorisés) et le prix unitaire reste fixé selon son bon vouloir par l’assuré (en euros par hectolitre, dans la mesure des prix plafonds et planchers déterminés par l’assureur)”.
En cas de grêle sur les vignobles, seule la perte de quantité, c’est-à-dire les dégâts occasionnés par le choc mécanique des grêlons sur les grappes de raisin (appelée aussi “les récoltes pendantes”) sont assurées. Ce n’est pas le cas pour les dégâts subis sur les ceps ou les sarments. Enfin, ce sont d’autres assureurs qui couvrent la perte de marché résultant d’intempéries de ce type.
“L’intensité de la grêle s’établit toujours à dire d’expert, qui fixe ensuite les pertes en pourcentage. Pour calculer l’indemnité, nous appliquons le pourcentage de perte de l’expert au capital assuré et déduisons la franchise”, conclut Sandrine Chauveau.
Le fait que certaines zones soient souvent sujettes à ce type d’intempéries peut avoir une incidence sur les taux de cotisation, notamment pour les affaires nouvelles. Cela peut même varier en fonction des cantons. De même, lorsqu’un assuré est sinistré à de nombreuses reprises, cela peut faire l’objet d’une réévaluation de tarif sur son contrat.
Un bilan sérieux et non définitif
Selon les premiers chiffres du BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne), de nombreux crus ont subi des pertes importantes et la préfecture de Côte d’Or tente en ce moment avec les professionnels d’établir un bilan définitif :
Pommard :
50 à 70% des vignes touchées côté Pommard/Volnay et 70 à 90% des vignes touchées côté Pommard/Beaune, notamment les Premiers Crus.
Volnay :
30 à 70% des vignes touchées, y compris les Régionales.
Monthélie :
20 à 50% de vignes touchées, notamment les Premiers Crus.
Beaune :
10 à 90% des vignes touchées, notamment le Climat Clos des Mouches touché à 90%.
Aloxe-Coton :
30 à 50% des vignes touchées, notamment les Premiers Crus.
Meursault :
5 à 40% des vignes touchées au Nord côté Volnay et environ 40% des vignes touchées au Sud côté Les Santenots.