Tempête Xynthia : Les sinistrés des zones noires redoutent le retour des grandes marées
Près de six mois après Xynthia, près d’un millier de personnes ont formé une chaîne humaine sur la grande digue de la Faute-sur-Mer (Vendée) jeudi soir, pour manifester leur inquiétude avant les grandes marées à venir.
« N’oublions pas les victimes de la tempête Xynthia », indiquait sur la digue une banderole mentionnanxt le prénom des morts de la tempête (29 en Vendée, essentiellement à la Faute-sur-Mer) et leur âge, et parsemée de roses.
Emus, les participants se sont donnés la main pour observer une minute de silence, alignés sur la digue qui surplombe notamment les quartiers les plus mortifères de la Faute-sur-Mer. La nuit de la tempête meurtrière, le 28 février, le coefficient était de 102, « et le 10 septembre prochain, pour la première grande marée du début d’automne, le coefficient sera de 116 (sur une échelle de 120, ndlr) », explique Eric Racofier, de l’Association des victimes de la Faute-sur-mer et de ses environs (AVIF).
« Nous sommes inquiets parce que sur cette digue, les seuls travaux qui ont été faits depuis Xynthia, sont soit des travaux d’urgence, soit des travaux prévus selon des plans établis avant cette tempête », explique-t-il. Le maire de la Faute-sur-Mer, René Marratier, s’est exprimé à plusieurs reprises pour assurer que sa municipalité a bien fait le nécessaire pour assurer la sécurité de ses habitants.
La Faute-sur-mer est une langue de terre pratiquement entourée d’eau avec la mer à l’ouest, un lien avec le continent au nord, et l’estuaire du fleuve Lay à l’Est. Pour résister aux flots, elle compte sur le cordon dunaire côté mer, en partie submergé lors de la tempête, ainsi que sur des digues côté fleuve.
Alors que les estivants sont revenus sur les plages, moins nombreux de 20%, selon le restaurateur de plage Brahim Briguen, à quelques pas de la digue, les zones où il y a eu des morts et des blessés sont restées intouchées. Sanctuaires glaçants interdits aux visiteurs sous peine de PV avec portes qui claquent, matelas sortis à la hâte dans le jardin en train de pourrir, chaussure abandonnée dans le jardin, carcasse de voiture mangée par le sel.
De ces zones là, les propriétaires, souvent parents de victimes, s’expriment peu ou pas. En revanche les habitants, parfois des rues juste mitoyennes, qui n’ont pas eu à déplorer de perte humaine, se montrent inquiets. Eric Racofier ne souhaite pas quitter l’endroit, même s’il reconnaît qu’il y a eu des victimes non loin de là. Sa maison, construite par ses parents en 1964, est située en zone noire, que l’Etat veut vider de ses habitations.
Philippe Barbier, résident de la Pointe de l’Aiguillon-sur-mer, chez qui la mer n’a fait que passer, sans stagner, dont la maison est tout de même classée en zone noire, hésite à saisir l’offre de rachat de l’Etat. Mais Elisabeth et André Jacquot, retraités, ont fait partie des huit premiers sinistrés vendéens à vendre leur maison à l’Etat lundi.
Ils ne veulent plus revenir dans leur maison mais sont heureux de montrer celle qu’ils viennent de racheter, à La Faute-sur-mer toujours, mais dans une zone non inondée, et, espèrent-ils, non inondable.
La Faute-sur-Mer, 12 aout 2010 (AFP)