SNCF : Perturbations sur une grande partie du réseau SNCF en raison d’arrêts de travail spontanés des cheminots
Le trafic SNCF était fortement perturbé jeudi soir après l’agression d’un contrôleur, poignardé par un déséquilibré dans le train Lyon-Strasbourg, ce qui a entraîné la pagaille sur une grande partie du réseau en raison d’arrêts de travail spontanés des cheminots.
Dans la région PACA, en Aquitaine et Poitou-Charente pratiquement 100% des contrôleurs ont fait jouer leur droit de retrait et le trafic ferroviaire était fortement perturbé dans plusieurs autres régions.
En Alsace, où était basé le contrôleur agressé, 80% des trains ont été supprimés, et 70% en Lorraine, selon la SNCF. Aucun train ne devait circuler dans la nuit de jeudi à vendredi. Les perturbations devaient durer jusqu’à vendredi à la mi-journée.
Le contrôleur Bernard Mortelier, 54 ans, a reçu huit coups de couteau: deux à la tête, deux à l’abdomen, un au flanc et trois au bras, a précisé la SNCF.
Transporté par hélicoptère au centre hospitalier régional et universitaire de Besançon, il a subi une intervention chirurgicale au cours de laquelle “l’ensemble des lésions ont été traitées”. Le CHU a qualifié jeudi soir son état de “stable”, précisant qu’il avait été placé en réanimation.
L’auteur présumé des coups a été présenté par la SNCF comme un “déséquilibré”. “Informé qu’il allait être verbalisé”, il se serait tailladé les poignets avec un couteau avant d’agresser le contrôleur, pendant qu’un de ses collègues évacuait les passagers vers une autre voiture.
L’agresseur a été remis aux gendarmes en gare de Clerval (Doubs), à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Besançon, et placé en garde à vue. Le parquet a ouvert une enquête pour tentative de meurtre aggravé.
Selon une source proche de l’enquête, le suspect n’avait pas encore été formellement identifié jeudi soir. Il portait sur lui une carte bancaire au nom d’un homme de 27 ans originaire de Mulhouse, déjà condamné à quatre reprises pour des violences et des outrages.
Les syndicats ont condamné une agression “intolérable” et souligné la nécessité de maintenir une forte présence humaine dans les trains et les gares.
La Fédération CGT des cheminots a dénoncé une “période où les seuls objectifs financiers poussent à la déshumanisation des gares et des trains”, tandis que la CFDT cheminots évoquait une “dérive sociétale”, estimant que les agents sont confrontés quotidiennement “à des actes agressifs et d’incivilité”.
Après s’être rendu au chevet de la victime, le président de la SNCF Guillaume Pepy a salué le “courage” et le “sang froid” des deux contrôleurs du Lyon-Strasbourg. Il a appelé les cheminots à ne pas “pénaliser les voyageurs simplement parce qu’un fou dangereux a agressé des contrôleurs” en se mettant en grève.
Si M. Pepy a qualifié l’incident de “rarissime”, les syndicats se sont inquiétés de la fréquence des actes de violence auxquels sont exposés les contrôleurs.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé jeudi soir avoir activé une cellule de crise à la suite de la forte perturbation du trafic SNCF et avoir donné des consignes pour que la protection civile, la police et la gendarmerie aident à la prise en charge des passagers et sécurisent les gares.
En juillet 2004, un contrôleur avait été grièvement blessé par un voyageur sans billet qui lui avait porté un coup de couteau à la nuque à bord d’un TER à Metz. En février 1999, un autre contrôleur avait été blessé à une main par un coup de couteau à Chalon-sur-Saône.
Avec AFP