Alli, la pillule anti-obésité est à utiliser “avec précaution”
La pillule Alli, premier médicament pour perdre du poids sans ordonnance, est depuis aujourd’hui en vente dans les pharmacies en France, où son utilisation doit s’entourer de précautions, a mis en garde la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.
Les autorités sanitaires françaises, qui ont autorisé ce premier médicament anti-obésité sans ordonnance, ont encadré son arrivée de précautions, qui ont été “parfaitement répercutées” par l’Ordre des pharmaciens et les organisations professionnelles de pharmaciens, selon la ministre de la Santé. “Le pharmacien a le droit et même le devoir de refuser une vente si elle est contraire à la santé de la personne”, a-t-elle affirmé. Le médicament n’est pas en libre accès et doit être demandé au pharmacien.
“Je n’ai pas le droit de ne pas vendre le produit à la personne”, a pourtant indiqué à l’AFP un pharmacien parisien, Thierry Calas. “Par contre, ce que je vais faire si elle ne rentre pas dans la cible, c’est l’orienter vers d’autres types de produits plus adaptés à ce que veut la personne, ou vers son médecin”.
Il n’y avait pas d’emballement pour le produit mercredi dans les pharmacies contactées par l’AFP. “On a mis le produit en place hier soir, il y a déjà eu une vente ce matin. Je sais qu’il y a des patients qui ont déjà réservé des boîtes”, précisait M. Calas.
Si son officine n’avait pas mis Alli en vitrine, un présentoir sur le comptoir proclamait: “Etes-vous prêt? Parlez-en à votre pharmacien”.
Alli, qui agit dans l’intestin pour limiter l’absorption des graisses ingérées, s’adresse aux adultes en surpoids ou obèses (avec un indice de masse corporelle de 28 ou plus). Sa prise doit s’accompagner d’un régime réduit en calories et pauvre en graisses, et d’exercice physique pour aider à perdre du poids. “La jeune fille qui veut perdre 2 kg avant d’aller sur la plage, le produit n’est pas fait pour elle”, a souligné le pharmacien.
Alli n’est pas à un nouveau médicament, mais une version à demi-dose de Xenical (orlistat), une molécule connue et délivrée sur ordonnance depuis 1998. “Il a été remarquablement bien lancé par GSK au niveau de tout le bruit médiatique qu’il a pu faire autour”, note Thierry Calas. “Vu le battage médiatique, ça peut devenir populaire. C’est à nous en fait de réduire la demande pour le donner vraiment aux personnes qui en ont besoin”, conclut-il.
Pour le Collectif national d’associations d’obèses (Cnao), ce peut être une “main tendue” aux patients obèses ou en surpoids, pour les encourager à consulter. D’autres redoutent des dérapages et une augmentation des troubles alimentaires (boulimie…).
Sa prise est contre-indiquée avec certains médicaments (ciclosporine, anticoagulants…) et les effets secondaires, qui peuvent aller jusqu’aux diarrhées graisseuses, peuvent nuire à l’efficacité de la pilule contraceptive.
Alli (coût du traitement: 2 euros par jour; durée maximum: 6 mois ) est commercialisé sous 2 formats -boîte de 42 gélules pour 2 semaines de traitement au prix conseillé de 39,90 euros et boîte de 84 gélules pour 1 mois à 59,90 euros, selon GSK SGP France.
Aux Etats-Unis, où il est en vente libre depuis juin 2007, le produit a déjà séduit 5 millions de personnes et c’est aujourd’hui le 7e produit d’automédication dans ce pays, selon GSK.
AFP