Edito : Payer plus oui, mais à qui ?
Deux semaines d’écart dans les éditos, ce sont deux grèves couvertes. Entre temps, le débat sur les retraites s’est enflammé au niveau politique. Dans l’hémicycle et sur les plateaux médiatiques, nos dirigeants, l’opposition, tout le monde y est allé de son petit mot sur les assureurs.
Ségolène Royal en a même fait une de ses principales cibles. En quelques jours, elle n’a pas hésité à répéter que les assureurs « tapis dans l’ombre » (20eme minute) attendaient cette réforme pour s’enrichir.
Au delà de la sémantique, très utilisée en politique – par tous les partis – qui veut qu’un grand complot est en marche, Mme Royal met en cause les « assureurs privés, les fonds de pensions, les banques privées » mélangeant ainsi toutes les entités financières, ce grand capital démoniaque que j’ose caricaturer.
Il est difficile, pour un site qui traite de l’actualité de l’assurance de contester ce qu’avance Mme Royal. Oui les assureurs – mais également les mutuelles d’assurances de Niort ou d’ailleurs et tous les acteurs qui proposent des produits d’épargne en général et d’assurances-vie en particulier – sont aux aguets sentant que la réforme des retraites sera une aubaine pour les affaires.
Il ne faut pourtant pas croire que c’est une fleur faite aux assureurs. Car de l’autre côté de la « frontière » politique, ces très grosses entreprises qui recueillent l’épargne des français provoquent également quelques sorties en roue libre. Les différentes niches fiscales tombant les unes après les autres, les gains engendrés d’un côté devraient rapidement être taxés de l’autre.
Le problème est bien souvent de n’avoir pas su remettre l’assuré au centre du débat. Et l’assuré, lui descend dans la rue. Il n’a pas dit qu’il ne voulait pas cotiser de son côté, ou cotiser plus. Le mot d’ordre syndical n’est-il pas plutôt de dire qu’à 60 ans, 65 ans maximum, on a fini sa carrière professionnelle.
L’assuré ne se fâche pas contre les déremboursements et accepte bon mal an le fait que le prix de sa complémentaire santé augmente plus vite que ses revenus. Le désengagement de l’état est semble-t-il bien intégré. Il n’existe quasiment aucun assureur (ou mutuelle, institutions de prévoyance et autres) ayant fait faillite malgré des charges en augmentation.
Pourquoi le système français est beaucoup plus déséquilibré que le système privé ? Parce qu’il est plus facile à un professionnel d’expliquer que les prix augmentent, qu’à un homme politique qu’il va falloir cotiser plus.