La santé équitable : Un concept en devenir ?
La santé, telle que définie par l’Organisation Mondiale de la Santé, est « un état de complet bien-être physique, mental et social ». La santé appartient à la catégorie des faits sociaux dans lesquels toute une société, toute une culture, viennent se réfléchir.
Le concept de santé durable commence à émerger. Il illustre les liens entre santé et développement durable, défini par l’ONU, comme « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». La recherche d’équité en santé fait écho à la recherche d’équité dans d’autres domaines, comme le commerce « équitable ».
Les inégalités de santé s’aggravent malgré nos systèmes de protection sociale : inégalités d’espérance de vie, inégalités de qualité de vie, inégalités d’accès aux soins, et encore plus aux soins de qualité, et, pour finir, inégalités d’accès à leur financement.
C’est pourquoi il paraît aujourd’hui primordial de chercher à promouvoir la santé équitable :
– pour refuser de considérer les inégalités de santé comme inéluctables et vouloir la santé pour tous ;
– pour promouvoir le développement d’une vision positive de la santé où le mode de vie, l’environnement, les modes de soins préservent les grands équilibres, physiologiques, économiques, environnementaux ;
– pour faire en sorte que les citoyens, eux-mêmes mieux informés, soient plus actifs dans la préservation de leur santé et plus éclairés dans la consommation de leurs soins ;
– pour que les professionnels optimisent leurs pratiques et que les financeurs optimisent l’allocation des ressources vers la promotion de la santé et le « juste prix » des prestations de soins.
Une vision de la santé trop longtemps centrée sur un modèle « tout curatif », ou le mythe de la « santé parfaite »
Ces 50 dernières années ont vu l’émergence du mythe de la « santé parfaite » tout au long de la vie, mythe dans lequel se sont engouffrés les professionnels de santé et de l’industrie pour nous faire croire que les progrès de la médecine nous permettraient de rester jeunes éternellement. Pour nous dire qu’il existait, ou qu’il existerait bientôt, un remède adapté à chacun de nos maux.
Il faut cependant constater que :
– malgré une espérance de vie qui augmente régulièrement, le mal-être se généralise : anxiété, dépression, stress…
– l’augmentation de la consommation de soins a pour corollaire l’augmentation visible de la iatrogénie (maladies liées aux soins), qu’il s’agisse d’infections nosocomiales, d’accidents par interactions médicamenteuses ou de conséquences néfastes de certains actes médicaux.
Notre couverture sociale autorise une consommation de biens de santé importante, parfois irrationnelle, assez indolore au plan financier pour les individus au moment où ils consomment les soins. Chacun souhaite préserver cette couverture de soins mais sans accepter d’en payer le prix ( exemples : franchises médicales, augmentation de cotisations). Pourtant les conséquences financières de cette consommation, en moyenne 3 000 euros par personne et par an, minent les fondements de la solidarité et rendent catastrophique l’avenir de la protection sociale et sanitaire de nos enfants.
Certes, les dépenses de santé utiles créent de la richesse (en particulier des emplois), mais les dépenses inutiles créent de la rente pour certains professionnels de santé, établissements, producteurs de médicaments ou de matériels (lunettes trop chères, dépassements d’honoraires excessifs, médicaments contournant les génériques, …) sans aucun profit de santé pour les citoyens.