Les “amiantés” manifestent contre toute révision de leur préretraite
Quelque 300 personnes se sont rassemblées vendredi à Paris à l’appel de la CGT pour dénoncer un projet de décret qui entraînerait selon eux la baisse du montant des préretraites des salariés victimes de l’amiante, a constaté un journaliste de l’AFP.
Des dockers, qui observent vendredi une grève dans les principaux ports français, s’étaient joints au rassemblement réunissant pour l’essentiel des salariés victimes de l’amiante ou leurs proches. “La cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante n’a pas été un cadeau, c’est le fruit d’une longue lutte”, a rappelé Yves Bongiorno, conseiller confédéral CGT devant les manifestants dont plusieurs portaient des silhouettes en carton et des drapeaux marquées “mort de l’amiante” et “l’amiante tue!”.
“Le niveau de l’allocation de 65% dissuade de nombreux bénéficiaires de partir. Le décret réduirait encore plus cette allocation en réduisant l’assiette sur laquelle on la calcule”, a-t-il expliqué, parlant de “triple peine pour les amiantés”.
Ce projet de décret a reçu mercredi un avis consultatif défavorable de la Commission des accidents du travail et des maladies professionnelles (CAT/MP, patronat et syndicats) de la Sécurité sociale, où, selon la CGT, tous les représentants syndicaux (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC et CFTC) ont voté contre et le Medef et la CGPME ont “pris acte”.
M. Bongiorno a rappelé que la Fnath (accidentés du travail) et l’Andeva (victimes de l’amiante) ont elles aussi protesté contre cette possible limitation de la rémunération de référence servant au calcul de l’allocation de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante (Acaata).
Avant qu’une délégation ne soit reçue au ministère du Travail, il a demandé que l’Acaata propose une voie d’accès collective améliorée et une voie d’accès individuelle complémentaire “pour les situations particulières d’exposition”. “Je représente mon mari tellement essoufflé qu’il ne peut plus faire 10 mètres et qui n’est reconnu (amianté, ndlr) qu’à 20%”, a expliqué Jeanine Baillie, venue en car de Dunkerque où son époux Jean-Marie a travaillé chez Ascométal pendant 18 ans. “Que ceux du gouvernement nous laissent ce à quoi on a droit, les risques, eux, ils les connaissent depuis longtemps”, a-t-elle ajouté.
Paris, 6 nov 2009 (AFP)