Les opposants à la loi Bachelot ne désarment pas malgré les concessions promises par Nicolas Sarkozy
Les opposants au projet de loi Bachelot, dans les rangs des médecins comme dans ceux des politiques, n’ont pas baissé la garde mardi, malgré les concessions promises par le chef de l’Etat, au premier jour de l’examen du texte par les sénateurs.
Nicolas Sarkozy a affirmé que le gouvernement allait modifier par amendements le mode de gouvernance retenu pour les hôpitaux en y faisant une plus grande place aux médecins face aux directeurs d’hôpitaux, par exemple dans les nominations de médecins ou sur le “projet médical” des établissements.
“Je crois que nous avons trouvé un bon équilibre, nous n’irons pas plus loin”, a-t-il déclaré mardi à Nancy. Il s’exprimait pour la deuxième fois en deux jours sur la réforme de l’hôpital, l’un des principaux volets du projet de loi “Hôpital, Patients, Santé, Territoires” (HPST).
Mais la volonté d’apaisement du chef de l’Etat -qui s’est abstenu de parler de “patron” pour désigner les directeurs d’hôpitaux- n’a pas eu l’effet escompté. A Nancy, entre 700 et un millier de personnes ont manifesté lors de la visite présidentielle.
“Ce qu’on nous propose est insuffisant”, a dit le Pr Bernard Granger, du Mouvement de défense de l’Hôpital public (MDHP), qui fédère des représentants des médecins hospitaliers et demande “de lever la procédure d’urgence parlementaire” sur le texte HPST.
Selon le MDHP, “même amendée, la loi Bachelot met en place un pouvoir vertical politisé détenu par les directeurs d’Agences régionales de santé (ARS)”. Sa seule finalité, selon le MDHP, est “l’équilibre budgétaire”, avec pour corollaires les suppressions d’emplois et la dégradation des soins.
L’appel national à la grève et à des manifestations des personnels des hôpitaux lancé pour jeudi par leurs principaux syndicats, n’est donc pas remis en cause.
Les médecins libéraux ont rappelé mardi que l’hôpital n’était pas le seul sujet contesté du projet de loi.
La CSMF, leur principal syndicat, a apporté son soutien à la journée de mobilisation des hospitaliers. “Nous ne descendrons pas jeudi dans la rue (…) mais nous appelons les médecins libéraux à communiquer en direction de leurs patients sur les dangers de cette loi”, a déclaré son président, Michel Chassang. Il appelle “à faire une grève à la japonaise le 14 mai”, allant de la fermeture de cabinet à des soins gratuits, en passant par la distribution de tracts aux patients.
Les libéraux, qui ont aussi obtenu des concessions sur les dispositions les concernant dans le projet de loi, déplorent notamment que Roselyne Bachelot veuille réintroduire le principe d’une pénalité financière pour les médecins exerçant dans des zones où les praticiens sont trop nombreux.
A l’inverse, le Ciss, un collectif regroupant des associations d’usagers de la santé, a dit sa déception face aux concessions faites aux libéraux, au détriment selon lui des patients.
Au Sénat, les premiers débats sur le texte ont été houleux. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a d’entrée été mise en minorité par les sénateurs qui lui ont imposé de bouleverser l’ordre d’examen du texte. Les dispositions concernant l’hôpital et les agences régionales de santé seront discutées ensemble, avant celles sur l’accès aux soins et la santé publique.
“Le parlement doit être le lieu d’élaboration de la loi et non une chambre d’enregistrement des désirs changeants de l’exécutif”, a lancé le président du groupe socialiste, Jean-Pierre Bel.
“Le statu quo n’est pas possible”, a prévenu la ministre.
AFP