Marché Auto : Vers la fin de la prime à la casse ?
Le gouvernement réfléchit au moyen d’arrêter progressivement la prime à la casse, qui a permis au secteur automobile d’amortir le choc de la crise, mais dont les constructeurs craignent que la fin programmée le 31 décembre n’entraîne un “trou d’air” dans les ventes.
“Il faut désormais imaginer un arrêt progressif. Nous y travaillons”, a expliqué le ministre de l’Industrie Christian Estrosi dans un entretien aux Echos, dévoilant les intentions du gouvernement sur ce dossier, mais sans évoquer de calendrier ou de modalités. “La prime à la casse ne pourra pas être maintenue indéfiniment”, a souligné M. Estrosi, pointant les “effets dommageables (…) dans la durée” des dispositifs tels que la “Balladurette” ou la “Jupette”.
Ces primes instaurées dans les années 1990 avaient dopé les ventes, mais en 1997, l’année suivant la fin du dispositif Juppé, celles-ci avaient plongé de 20%.
Le ministre chargé de la Relance Patrick Devedjian a jugé aussi lundi sur i-Télé qu’il fallait être “très prudent” parce que “toutes ces primes, quand on les arrête brutalement, créent un trou d’air qui généralement dure longtemps”. “Un: il faut se coordonner” en Europe où 13 pays, notamment l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, ont adopté des dispositifs similaires. “Deux: si on en sort, il faut quand même que ce soit dans une situation où le relais a été pris par le consommateur et que ce soit très progressif”, a-t-il ajouté.
Depuis le printemps, les constructeurs tirent la sonnette d’alarme sur la sortie de la prime à la casse. Le patron de Renault Carlos Ghosn, qui s’attend à ce que 2010 soit “aussi difficile” pour l’automobile que 2009 en raison notamment de l’arrêt de ce dispositif, plaide régulièrement pour une sortie “graduelle”. Vendredi, il a redit son souhait d’une sortie “en sifflet, en dégradé, pour éviter un choc trop important sur les marchés”.
Chez PSA Peugeot Citroën, on se dit “d’accord avec un arrêt progressif”. Le groupe a d’ailleurs déjà attiré l’attention des pouvoirs publics sur les conséquences qu’avait eu dans le passé un arrêt brutal. “Les sorties de prime sont délicates” et il “faut savoir les gérer”, a également prévenu début juillet le président du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), Xavier Fels.
Du côté du gouvernement, qui pense que le dispositif va coûter nettement plus cher que les 220 millions d’euros prévus et qui ne veut pas dévoiler trop tôt ses intentions pour ne pas perturber les ventes, la prudence est de rigueur sur l’après 31 décembre.
“L’objectif est de réaliser d’abord une bonne année 2009”, avait affirmé début juin Luc Chatel, alors secrétaire d’Etat à l’Industrie.
Instaurée en décembre 2008, la prime à la casse en France permet à l’acheteur d’une voiture particulière neuve n’émettant pas plus de 160 grammes de CO2/km ou d’un utilitaire léger neuf, de bénéficier d’une prime de 1.000 euros s’il remet à la destruction un véhicule de plus de dix ans. En France, la prime, conjuguée au bonus écologique, a soutenu le marché automobile qui s’est inscrit au premier semestre en légère hausse de 0,2% malgré la crise. Selon le CCFA, environ 20% des immatriculations de voitures neuves depuis le début de l’année sont liées à ce dispositif, avec quelque 200.000 véhicules “primés” déjà vendus à la mi-juin.
La prime a également connu un fort succès en Allemagne, mais le gouvernement a de nouveau exclu la semaine dernière de la prolonger une fois épuisée l’enveloppe prévue. En Autriche, les fonds prévus par le gouvernement pour la prime à la casse lancée en avril ont été dépensés en trois mois.
AFP