Santé : Les médicaments soignent-ils vraiment ?
Selon un livre publié par les deux médecins Philippe Even et Bernard Debré, un médicament sur 2 serait vraiment curatif. Dans leur guide, les spécialistes se sont attachés à étudier plus de 4.000 “remèdes”, répertoriant les utiles, les inefficaces et les dangereux. Un ouvrage explosif qui enfante déjà la polémique.
“Il s’agit d’un livre d’information, pas d’opinion. Tout ce qui est dit est référencé et résulte de notre expérience à tous les deux et à l’analyse de milliers, de milliers et de milliers de publications” explique Philippe Even, co-auteur de l’ouvrage “Guide des 4.000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux”. Avec Bernard Debré, urologue et député UMP de Paris, les spécialistes révèlent le fruit de leurs longues recherches : à peine un médicament sur 2 détiendrait un réel impact curatif.
L’industrie pharmaceutique pointée du doigt
Le Pr Even, ancien doyen de la Faculté de médecine de Paris, tacle une nouvelle fois l’industrie pharmaceutique, après son livre coup de poing sur l’affaire Médiator en 2011. Une arcane qu’il caractérise de “la plus lucrative, la plus cynique, la moins éthique de toutes les industries”.
En ligne de mire des médicaments inefficaces, les statines, traitements contre le cholestérol, “avalés par 3 à 5 millions de Français”, pour une facture de 2Mds d’euros annuels. Selon le Nouvel Observateur, qui a fait éclater l’affaire en retranscrivant les résultats du “Guide” le mercredi 12 septembre : 50% des médicaments seraient inutiles, 20% mal tolérés par l’organisme humain, 5% potentiellement très nocifs, mais, “incroyable paradoxe, 75% sont remboursés”. Le magazine a publié sur ses pages on-line “la liste noire des médicaments dangereux” où remèdes cardiovasculaires côtoient anti-inflammatoires ou encore pilules contraceptives…
Polémique
Attaquée, l’industrie pharmaceutique a dénoncé les accusations, en qualifiant le livre “d’énième réquisitoire de Bernard Debré et Philippe Even” dans lequel fleurissent les “amalgames et approximations“. L’ouvrage “contribue à alarmer inutilement les malades et risque de les conduire à arrêter de leur propre chef des traitements pourtant adaptés aux maladies dont ils souffrent“, a déclaré le Leem, la fédération professionnelle des industriels du médicament, mercredi soir dans un communiqué.
Ce matin, jeudi 13 septembre, c’était au tour de Roselyne Bachelot de réagir au micro d’Europe 1. L’ancienne ministre de la Santé, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en a profité pour soutenir que les français consommaient effectivement trop de médicaments. Toute en modération, Roselyne Bachelot a cependant confié que “les laboratoires qui demandent les autorisations sont obligés de s’appuyer sur des études d’efficacité qui méritent d’être revisitées“.
Un pavé jeté dans la mare qui ne risque pas d’être si vite oublié.