Santé / Traitement : le cannabis thérapeutique reste “tabou” en France
Le cannabis utilisé à des fins thérapeutiques reste “tabou” en France, déplorent des associations, soulignant qu’il peut aider de nombreux malades et que les pouvoirs publics français sont en retard sur ce point par rapport à des pays comme l’Italie ou l’Allemagne.
En Europe, notamment au Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Allemagne ou en Italie, certains patients peuvent acheter du cannabis en pharmacie sur ordonnance. Ainsi “de nombreux patients (européens) bénéficient de cannabis sous sa forme naturelle ou sous forme de médicaments à base de cannabinoïdes mais en France, le sujet du cannabis thérapeutique reste occulté et tabou”, soulignent les associations Asud, Act Up et Sos Hépatites à l’occasion des Etats généraux des usagers de substances licites et illicites (Egus) qui se tiennent à Paris jeudi et vendredi.
“Les ATU (Autorisations temporaires d’utilisation) nominatives pour du Marinol (THC – tétrahydrocannabinol synthétique) sont délivrées au compte-goutte” par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSPS), regrette Pierre Chappart, de l’association d’usagers Asud. Et cela oblige de nombreux patients souffrant notamment du VIH, de l’hépatite C, de cancers ou de sclérose en plaques “à vivre dans la clandestinité avec tous les dangers que cela comporte: arrestations et condamnations pour avoir acheté ou cultivé, sans oublier les risques sanitaires liés au +marché noir+”, relèvent les associations.
Le cannabis thérapeutique permet notamment de soulager les nausées et vomissements liées au VIH-sida et aux chimiothérapies anticancéreuses mais il est également utilisé en cas d’anorexie mentale, de troubles psychiatriques ou respiratoires.
Le haschisch, arrivé en Europe au 18ème, a joué un rôle important en médecine en Europe et aux Etats-Unis à la fin du 19ème siècle. Il était notamment utilisé contre la douleur.
Au milieu du 20ème siècle, avec les progrès de la médecine puis une interdiction global du cannabis, il avait disparu de la pharmacopée.
Un regain d’intérêt s’est manifesté en Europe au cours des deux dernières décennies pour l’utilisation thérapeutique du cannabis, notamment après la découverte en 1988 de récepteurs cannabinoïdes situés dans le cerveau.
Mais en France notamment, elle s’est heurtée à des législations restrictives bravées de manières croissantes par des patients convaincus des effets positifs du cannabis thérapeutique.
Paris, 27 nov 2009 (AFP)