Suicide : Renault comparait au tribunal de sécurité sociale de Nanterre, la famille réclame un euro symbolique d’indemnisation
Le tribunal des affaires de sécurité sociale de Nanterre (Hauts-de-Seine) a examiné lundi la demande de la famille d’un salarié de Renault, qui s’était suicidé en 2006, d’obtenir “la reconnaissance judiciaire de la faute inexcusable”.
Antonio B., ingénieur en informatique de 39 ans, s’était jeté du 5ème étage du bâtiment principal du technocentre de Renault, à Guyancourt (Yvelines) le 20 octobre 2006.
La veuve et les frères et soeurs d’Antonio B. ont demandé la majoration de la rente versée à la famille et un euro symbolique d’indemnisation. La décision du tribunal a été mise en délibéré au 14 décembre.
Antonio B. s’est suicidé “après un entretien avec sa supérieure”, a souligné un des deux avocats de la famille, Me Rachel Saada. Sa plaidoirie a porté sur le non-respect, par Renault, de “l’obligation de sécurité de résultat”, soulignant que “Renault aurait du avoir conscience du danger”.
Celle de l’avocate de Renault, Me Yasmine Tarasewicz, visait à savoir si “Antonio B. a été exposé à un risque par l’employeur, et, si oui, si celui-ci a pris des mesures pour redresser la situation”.
Me Saada a ainsi évoqué, dans sa plaidoirie, “le nombre de suicides qui ont jalonné l’actualité cette semaine. La mort d’Antonio va parler pour tous”. “Il n’avait pas le profil de celui qui se suicide, il était jeune, beau, ingénieur, n’avait pas perdu au jeu. Qu’est-ce qui se passe pour que le vocabulaire de la mort envahisse le monde du travail ?”, a-t-elle ajouté, soulignant “l’exposition à un risque qui n’est pas normal”, du fait de l’organisation du travail.
L’avocate de Renault, a quant à elle expliqué au tribunal qu’Antonio B. “n’a été soumis à aucun stress ni conditions de travail particulières”, ni “humiliations ou mauvais traitement de la part de sa supérieure hiérarchique”, comme dénonce la famille du défunt. “Selon elle, le technocentre Renault est le pays des Bisounours”, a commenté Me Saada à l’issue de l’audience.
“Je n’ai entendu que des mensonges dans la plaidoirie de l’avocate de Renault, les bras m’en tombent. Mon mari devait donc se tourner les pouces toute la journée, pour travailler toute la nuit à la maison, on ne doit pas parler du même homme”, a ajouté Sylvie T., veuve d’Antonio B.
La direction de Renault avait indiqué lundi après-midi à l’AFP essayer de mettre en place “avec humilité mais détermination des actions pour éviter que cela ne se reproduise”.
Nanterre, 19 oct 2009 (AFP)