Vaccination grippe H1N1 : les médecins généralistes prennent le relai
Fermeture des centres, vaccins dans les pharmacies : à compter du 1er février, les médecins libéraux vont reprendre la main sur la vaccination contre la grippe H1N1, mais le retour au système traditionnel va demander des ajustements.
“Nous avons conclu hier (jeudi, ndlr) un accord avec les 23.000 pharmaciens, donc à partir du 1er février, les médecins généralistes vont pouvoir se procurer les vaccins dans les pharmacies, ce qui va lever les dernières réticences”, a annoncé vendredi Roselyne Bachelot.
Les médecins peuvent vacciner à leur cabinet depuis le 12 janvier, mais ils doivent s’approvisionner en vaccins dans les centres de vaccination, procédure jugée peu pratique. D’autant que les centres, qui vaccinent depuis le 12 novembre, ont commencé à réduire la voilure. Ils cesseront leur activité le 30 janvier.
Jeudi soir, 5.680.000 Français avaient été vaccinés, selon le ministère de l’Intérieur. 591 centres de vaccinations étaient ouverts jeudi (865 mercredi, jour de congé des enfants).
Les principaux syndicats de médecins libéraux ont salué l’annonce de la nouvelle étape, mais ont souligné que des ajustements pratiques restent nécessaires. “Ca va être compliqué, mais plus personne n’aura d’excuses pour ne pas se faire vacciner”, a indiqué à l’AFP Michel Chassang, président du principal syndicat de médecins libéraux (CSMF).
“On va de progrès en progrès, mais on monte les escaliers marche par marche”, a estimé Claude Leicher, président du syndicat de généralistes MG France.
Se pose notamment la question d’un accès au vaccin directement par le patient en pharmacie.
Le “schéma normal” est que le médecin s’approvisionne lui-même chez le pharmacien, avec des vaccins conditionnés en boîtes de 10 doses, a-t-on précisé au ministère de la Santé.
Néanmoins, une petite quantité de vaccins en doses unitaires, 800.000 selon Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine, sera mise à disposition des pharmacies. Ces vaccins unidoses pourront être délivrés par le pharmacien au patient, gratuitement, sur présentation d’une ordonnance. Ce ne sera pas “le cas de figure standard, souligne-t-on au ministère.
Les bons de vaccination restent un autre problème. Le Dr Chassang les juge “totalement grotesques et ridicules”. “Nous vaccinerons ceux qui ont des bons et ceux qui n’en ont pas”, a-t-il redit. A ce jour, ils ont tous été envoyés, selon le ministère. En cas de perte, médecins informatisés et pharmaciens peuvent néanmoins les rééditer.
Le Dr Leicher réclame pour sa part que les médecins aient accès à la liste de leurs patients à risque non encore vaccinés pour pouvoir leur proposer la vaccination. “Il nous reste 5 millions de personnes à risque qui ne sont toujours pas vaccinées”, a-t-il affirmé, invitant à la prudence. “Le premier pic épidémique est passé, personne ne sait s’il y aura un 2e pic, ni quand il aura lieu”.
“Le virus circule encore et pour les gens à risque – obèses, diabétiques, femmes enceintes surtout – qui risquent de le rencontrer, c’est important de se faire vacciner”, a souligné le Dr Jean-Claude Manuguerra (Institut Pasteur).
Jusqu’à présent la vaccination en cabinet est restée modeste. Ainsi dans la Drôme, seuls 3% des médecins sont allés chercher des vaccins dans les centres, selon le Dr Leicher.
M. Bonnefond a précisé que les pharmaciens toucheront 2,60 euros de marge (légèrement plus que le vaccin saisonnier) par vaccin monodose. Pour les kits fournis aux cabinets médicaux (20 doses de Focetria + 20 doses de Panenza), elle sera de 14 euros.
Paris, 24 janv 2010 (AFP)