Comment réagissent les assureurs avec les nouveaux équipements de sécurité auto ?
Bruno Lacoste Badie, directeur technique chez Maaf Assurances nous explique comment dans l’élaboration des tarifs d’assurance automobile, il est encore complexe de prendre en compte les derniers équipements de sécurité dans les méthodes de calcul.
Bruno Lacoste Badie, directeur technique chez Maaf Assurances, nous explique comment dans l’élaboration des tarifs d’assurance automobile, il est encore complexe de prendre en compte les derniers équipements de sécurité dans les méthodes de calcul.
Quels sont les critères de tarification des contrats d’assurance automobile ?
La tarification de nos contrats d’assurance se fait selon des critères assez nombreux. Pour résumer, on peut les ranger dans 3 familles : le conducteur, la description de la zone de circulation et tout ce qui concerne le véhicule lui-même. Les caractéristiques des véhicules d’une façon générale ont également beaucoup d’impact sur la sinistralité. La puissance du véhicule, son poids, l’énergie qu’il utilise, le carburant qu’il consomme (essence, diesel, hybride).
Les équipements de sécurité qui fleurissent aujourd’hui dans les véhicules neufs sont-ils pris en compte dans le calcul des tarifs ?
On suit l’évolution des systèmes de sécurité et on étudie la contribution de ces derniers à la diminution du coût de la réparation automobile. Il faut comprendre que les constructeurs commercialisent ces équipements d’abord sur des véhicules haut de gamme ou en option. Il faut ensuite le temps de mesurer l’impact sur la sécurité des voitures et le temps de trouver des techniques pour réduire ensuite le coût de ces installations. Ces équipements ont un impact sur les tarifs d’assurance à partir du moment où l’on peut le mesurer, c’est à dire à partir d’un volume suffisant d’assurés équipés. Donc ce n’est pas encore le cas du radar anti-collison par exemple ou du système de détection de franchissement de ligne blanche.
Quels sont aujourd’hui concrètement les équipements qui peuvent influer sur les prix des contrats ?
Le système le plus répandu est aujourd’hui l’ABS (Anti-Breaking System ou système anti-blocage des roues), rendu obligatoire à partir de 2004 sur les véhicules neufs. Actuellement, plus d’un assuré Maaf sur deux est équipé d’un véhicule qui dispose d’un ABS. On peut donc mesurer le poids de cet équipement parmi les caractéristiques du véhicule. Lorsqu’on regarde les véhicules qui n’ont pas d’ABS (voitures qui datent d’avant 2004), on constate malgré tout qu’elles ont moins d’accidents que des véhicules récents. Seulement, en assurance, il y a une grande loi qui dit que plus les véhicules vieillissent, moins les automobilistes font de kilomètres avec, et donc moins ils ont d’accidents. Lorsqu’on regarde, toute chose égale par ailleurs, des véhicules de la même génération conduites par le même profil de conducteur dans les mêmes zones géographiques, il y a bien un impact sur le véhicule et nous en tenons compte dans la tarification.
Qu’en est-il de l’ESP ?
L’ESP (Electronic Stability Program ou Électro-Stabilisateur Programmé) a été commercialisé sur des véhicules haut de gamme au début des années 2000. Depuis 2011, l’ESP est obligatoire donc nous allons avoir dès cette année l’impact de ce système et nous allons pouvoir tenir compte dans nos tarifs de l’incidence réelle s’il y en a. Nous allons le mesurer et nous attribuerons à la présence d’ESP l’économie ou l’amélioration de sécurité routière qu’on observera dans nos chiffres. En réalité il nous faut une base statistique suffisante, c’est à dire un volume d’assurés suffisant, pour pouvoir être sûr d’attribuer à cet équipement précis l’évolution de la sinistralité.