La gestion du patrimoine et la reconversion des athlètes professionnels
Les sportifs de haut niveau ont bien souvent des carrières très courtes. Rares sont les athlètes qui continuent dans leur discipline à un niveau professionnel au-delà des 40 ans. Ils ont donc tout intérêt à préparer l’avenir tant sur le plan de leur reconversion que sur la gestion de leur patrimoine.
La gestion de patrimoine des sportifs de haut niveau vise un objectif principal, les préparer à la fin de leur carrière. « Un moment souvent difficile pour eux, car ils sortent d’une expérience passionnée qui ne correspond pas au monde du travail traditionnel » souligne Carol Gougot, conseillère en gestion de patrimoine pour Diamond Sport Invest (DSI). « Plus ils se penchent sur la gestion de leur patrimoine tôt et jeune, plus la transition est facile, puisqu’il faut anticiper l’avenir et leur reconversion. On ne leur propose pas de souscrire des produits de but en blanc. Les carrières et les questions étant différentes d’un athlète à l’autre, on part plutôt des problématiques de nos clients pour leur proposer des solutions sur mesure. »
La plupart des athlètes font appel à des compagnies d’assurance ou à des Conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI) pour faire fructifier leur argent et préparer leur futur ainsi que celui de leur famille. Droits de succession, contrats de mariages, avenir des enfants sont autant de sujets abordés entre les sportifs et leurs conseillers, dans le but cette fois-ci d’assurer un avenir pérenne à la famille du joueur. Mais le point le plus sensible de la gestion de patrimoine touche à la protection sociale. En effet, les sportifs sont amenés à s’installer dans de nombreux pays étrangers. La couverture chômage, maladie et le système de cotisation retraite diffèrent d’un État à l’autre. Les athlètes qui souhaitent revenir en France après une carrière de globe-trotter, peuvent, par exemple, rencontrer des difficultés puisqu’ils n’ont jamais cotisé en France. Il en va de même pour les joueurs qui se retrouvent au chômage.
Objectif : payer moins d’impôts
Toutefois, la gestion patrimoniale des sportifs professionnels se concentrent principalement sur un objectif principal : payer le moins d’impôts possibles. Il s’agit par exemple de trouver les meilleures solutions de défiscalisation. Le mieux pour eux consiste à avoir leur résidence principale dans un pays fiscalement très avantageux comme la Suisse ou la Principauté de Monaco. Cela peut, en outre, passer par des investissements immobiliers avantageux ou par des placements en épargne comme l’assurance-vie. Créer des sociétés peut en outre procurer quelques bénéfices. Les sportifs de haut niveau, résidant en France, peuvent ainsi monter une entreprise en Angleterre et faire en sorte que cette dernière perçoivent l’ensemble de leur rémunération. Ils se versent ensuite un salaire via leur entreprises suffisamment important pour vivre, mais aussi suffisamment faible pour payer moins d’impôts. Un montage qui n’est pas du goût du Fisc français. L’article 155A du code des impôts tend à remettre en cause ce procédé. Pour bénéficier de ce système les athlètes doivent désormais créer une société qui a une autre activité que la simple gestion de leur revenu.
Une autre solution pour payer moins d’impôts consiste à bénéficier de l’étalement des rémunérations, un régime spécial aux sportifs. Il s’agit de lisser les salaires perçus sur plusieurs années afin de bénéficier des tranches plus basses des impôts. Pour schématiser, un joueur qui gagne par exemple 10M d’euros sur une année peut faire le choix de déclarer 2M par an sur 5 ans au lieu de 10M sur une année.
En fait il existe presque autant de montages que de profils de joueurs. Se pencher sur le cas d’un athlètes français habitant en France diffère par exemple du cas d’un joueur étranger qui viendrait exercer ses talents sur les terrains de l’hexagone. Mais les niches fiscales dont bénéficiaient les sportifs de haut niveau commencent à tomber une à une. La gestion des déficits et de la dette publics contraint les autorités à serrer la vis sur les exonérations d’impôts. Les autorités doivent tout de même prendre en compte la compétition fiscale qui fait rage entre les différents pays européens pour attirer les plus grosses fortunes en attendant une très hypothétique harmonisation fiscale au sein de l’Union Européenne.