Dossier art : Les assurances des objets d’art pour les particuliers
Assurer un objet d’art n’est pas réservé à de très belles collections ou une élite mais s’adresse à des particuliers qui possèdent quelques belles pièces auxquelles ils tiennent. Les tarifs ne sont pas excessifs et les exigences des assureurs spécialisés ne sont généralement pas plus grandes que celles des assureurs habitation généralistes.
Au crépuscule d’une vie de collectionneur, il est de bon ton de se demander si tous ces objets accumulés avec le temps n’auraient pas pris de la valeur. Un expert passe et le verdict tombe. Il y a dans cette habitation pour plusieurs centaines de milliers d’euros d’objets d’art…
Il devient alors nécessaire de contracter une assurance spécifique. Certains assureurs généralistes proposent dans le cadre d’une garantie multirisques habitation, la possibilité de couvrir des capitaux très élevés, mais c’est alors tout un contenu qui est estimé, et les objets ne peuvent bénéficier de garanties spécifiques.
« Nous apportons à nos clients à la fois un conseil sur le contrat et les garanties, sur la prévention des risques, mais également un ‘accompagnement’ par rapport à leurs objets d’art, leur collection » explique Philippe Bouchet, souscripteur – délégué artistique chez AXA Art.
Les assureurs spécialisés veulent également combattre les idées reçues. « L’idée que les particuliers se font de l’assurance objets d’art est que son coût est élevé, que les protections demandées doivent être délirantes. En réalité, nous demandons des protections moins importantes que les assureurs classiques parce que nous avons une véritable maîtrise du risque »
Le principe de l’assurance des objets d’art réside dans une double expertise, à la fois en art et en assurance. Cette expertise est d’autant plus nécessaire que la spécificité de l’assurance d’un objet d’art est de déterminer la valeur dudit objet.
Si le particulier décide de faire un contrat en valeur déclarée, il n’a pas besoin de préciser ce qu’il possède et assure un ensemble d’objets. S’il préfère – comme les assureurs – s’appuyer sur une valeur agréée de ses objets pour établir son contrat, il doit fournir les pièces nécessaires pour définir avec l’assureur la valeur des biens, ce qui donne parfois l’occasion à Philippe Bouchet ou ses collègues de visiter de belles collections.
« La particularité de la clientèle fait qu’il existe un éventail très large d’amateurs et de collectionneurs. C’est d’ailleurs ce qui fait l’intérêt de ce métier. Nous rencontrons des gens très différents. Une personne avec peu de budget mais un œil averti aura pu réunir des pièces de belle qualité au fil du temps.Tout est fonction de l’acquisition des objets. Quelqu’un qui reçoit une collection en héritage peut être très respectueux ou au contraire opérer une sélection. Certaines personnes peuvent collectionner pour un statut social, d’autres avec un véritable intérêt et des moyens financiers conséquents… Tous les cas de figures existent » détaille Philippe Bouchet.
Cette diversité se retrouve évidemment dans les garanties proposées. Les contrats sont des assurances « tous risques » : les dommages matériels (l’incendie, le dégât des eaux) et le vol sont ainsi couverts. Il existe quelques cas particuliers. La garantie ‘casse’ n’est pas incluse, par exemple dans certains contrats. Pour des objets ‘cassants’ type faïence, porcelaines, verreries, plâtres ou autres, les particuliers font le choix de s’assurer ou pas.
L’objet est au centre de tout, mais c’est tout ce qui l’entoure qui importe pour l’assureur. « Les clients appréhendent chacun à leur manière les questions de sécurité et de risques. Certains vont être très sensibles à la question de vol, d’autres à celle de l’incendie. Dans un autre domaine – une collection d’entreprise – j’avais remarqué un tableau accroché à côté d’une porte de secours. J’ai conseillé un système plus sécurisé, mais qui restait banal. Une autre fois, c’était une très grande toile qui était installé dans un passage fréquenté… Les risques sont parfois élevés et nous devons conseiller les clients, mais nous n’avons pas d’exigences extravagantes » confie Philippe Bouchet.
La question de la prévention reste au cœur de l’assurance des objets d’art. « Notre premier concurrent reste la non-assurance. Ce qui incite les particuliers à s’assurer, c’est principalement une prise de conscience. C’est se dire, à un moment, une personne peut se dire : ‘j’ai accumulé de nombreux objets, les prix ont évolué, j’ai peut-être un patrimoine important qu’il faudrait assurer’. Le déclic peut aussi venir après un sinistre, ou parce que l’entourage en parle. »
Reste que beaucoup de particuliers n’osent pas franchir le pas, par méconnaissance du marché ou des tarifs de l’assurance. Les assurances des objets d’art peuvent être contractées à partir de 60 à 70 000 euros de capitaux dans des cas particuliers, 100 000 euros en général. La meilleure solution reste encore de faire estimer correctement ses objets d’art avant de contacter un assureur. Celui-ci n’enverra pas l’un de ses experts pour une collection de petite valeur.