Dossier « agriculteurs » : les garanties des assurances récolte
L’agriculture est une profession dite à risques. Les exploitants sont en effet tributaires des caprices du climat et des variations du prix des produits agricoles. Deux paramètres sur lesquels ils ont peu ou prou d’influence. Le métier exige également de lourds investissements en matériel ou en bâti par exemple. Le moindre pépin peut remettre en cause la survie d’une exploitation. Certains assureurs ont donc développé des gammes de produits répondant aux besoins spécifiques de ce corps de métiers.
Selon les chiffres de l’Insee, en 2007, la France comptait 507.000 exploitations agricoles, dont 326.000 professionnelles, employant plus d’un million de personnes à temps plein ou à temps partiel. Un marché important dominé par Groupama. La mutuelle d’assurances couvre en effet 6 agriculteurs professionnels sur 10. De manière générale, les assurances récolte s’articulent autour du diptyque multirisques climatiques (MRC) ainsi que couverture des engins agricoles et du bâti.
Comme son intitulé l’indique la multirisques climatiques couvre les dommages subis par les cultures après un événement météorologique. A titre d’exemple, la MRC « climats » de Groupama assure plus de 70 cultures différentes (lin, vigne, blé, pois, orge…) contre 13 aléas (gel, grêle, sécheresse, inondation…). Indispensables et vitales pour les agriculteurs, les contrats MRC bénéficient du soutien financier de l’Europe. Depuis 2010, les cotisations d’assurance sont subventionnées à 65% par l’UE, contre au maximum 40% auparavant. Un coup de pouce de Bruxelles bienvenu après la succession de catastrophes naturelles qui a frappé la France et son agriculture ces dernières années.
Le second volet du diptyque concerne les investissements matériels et immobiliers réalisés par les agriculteurs. Les politiques de remembrement menées après guerre ont multiplié la taille moyenne des exploitations agricoles en France. Elle était de 77 hectares en 2007 contre 42 hectares en 1988. Les tracteurs et autres machines agricoles sont devenus incontournables pour cultiver de telles surfaces. Des engins toujours plus sophistiqués et donc toujours plus onéreux. Un tracteur neuf coûte en moyenne 80.000 euros à l’achat. Il est donc essentiel de l’assurer pour protéger son investissement. Les contrats proposent généralement l’option rééquipement à neuf. Elle offre la possibilité de remplacer le matériel défectueux par des produits équivalents.
De nouveaux axes de développement : l’environnement et la volatilité des prix
Les questions environnementales se sont invitées dans le débat public. L’agriculture intensive et le recours aux pesticides ont souvent été montrés du doigt. Rappelons nous du Premier ministre, François Fillon, déambulant en bottes et ciré sur les plages bretonnes envahies par les algues vertes toxiques. Les agriculteurs ont dû s’adapter aux nombreuses évolutions réglementaires qui sont intervenues sur le sujet de l’environnement. Naturellement, le secteur de l’assurance a suivi le mouvement et élargi ses garanties. Prises en charge des frais de retrait de produits contaminés ou encore de dépollution sont venues compléter les multirisques agricoles.
Mais ne nous y trompons pas. L’écologie n’est pas uniquement synonyme de contraintes pour l’agriculture. Bien au contraire. De nouvelles opportunités économiques ont également vu le jour comme la production et la vente d’énergies renouvelables ou le développement du tourisme vert. Depuis peu, les exploitants ont la possibilité d’assurer ces activités de diversification.
Autre inquiétude pour le monde agricole, autre axe de développement pour l’assurance. Il concerne les variations des prix et des rendements de production. Des réflexions sont actuellement menées sur la viabilité d’une « assurance chiffre d’affaires ». Il s’agirait de proposer une garantie permettant d’amortir les variations importantes des marges des exploitants. Mais le risque à couvrir est pour le moment trop élevé au regard des évolutions récentes des différents cours des produits agricoles. Intégrer la volatilité des prix comme garantie dans les contrats d’assurances paraît assez utopique.