Dossier art : les assurances pour les professionnels
Antiquaires, galeristes ou encore brocanteurs, tous sont considérés comme des professionnels de l’art. A ce titre, ils sont amenés à manipuler chaque jour des œuvres ou des objets de collections qui sont bien souvent des exemplaires uniques. Le secteur de l’assurance a par conséquent imaginé des contrats adaptés à leur activité.
Ils sont très peu d’acteurs sur le marché de l’assurance à proposer des contrats ciblés à l’attention des professionnels de l’art. Généralement, les biens couverts sont les collections et les objets d’arts, les livres anciens, les tapis et les tapisseries, les sculptures, le mobilier ancien. Une des étapes décisives dans l’assurance des professionnels de l’art concerne l’estimation, pas toujours évidente, de la valeur des biens à couvrir.
« C’est pourquoi nous avons recourt à des experts indépendants pour estimer cette valeur. Mais c’est assez rare, car dans 90% des cas les montants couverts sont calculés en valeur agréée. Nous partons en effet du principe que les professionnels avec lesquels nous travaillons sont experts dans leur domaine et nous ne voyons pas comment nous pourrions contester cela » confie Charles-Henri Pavie, expert produit fine art chez Hiscox France. Dans ce cas précis, cela signifie que la valeur donnée par l’assuré est reconnue exacte et non contestable au jour du sinistre, à moins que l’assureur n’apporte la preuve que cette valeur était surestimée.
Concernant le cœur des garanties, que ce soient par des courtiers ou des assureurs spécialisés, les contrats les plus fréquemment proposés sont dits « tous risques sauf ». Vol, incendie, dégâts des eaux, dommages, vandalisme, tous les risques sont couverts par l’assureur, sauf certains cas extrêmement précis, explicités dans les exclusions du contrat. Ainsi, les dommages liés à l’usure ou occasionnés par la restauration d’une œuvre ne sont généralement pas couverts.
« Concernant les antiquaires et les galeristes par exemple, les garanties ne couvrent généralement que leur stock. Pour le transport ou la garantie objets confiés, il faudra alors souscrire une extension » poursuit Charles-Henri Pavie. En réalité, l’affaire n’est pas forcément rentable pour le souscripteur, bien que 80% des sinistres ont lieu durant le transport.
A titre d’exemple, un antiquaire qui opte pour une assurance transport aura une franchise avoisinant les 500 euros. Dans le cas où le montant des dommages survenus pendant le transport d’une œuvre n’est que de 150 euros, c’est à lui de régler la facture, sa franchise étant dissuasive. Résultat, il paye la prime pour l’extension de garantie, mais n’est couvert que pour un gros dommage.
L’objectif des assureurs est clairement de ne pas s’occuper des petits tracas quotidiens. Ils préfèrent se concentrer sur les sinistres susceptibles de mettre l’activité des professionnels de l’art en péril.