Dossier : La réassurance ou l’assurance des assureurs
Automobilistes, motards, propriétaires, locataires, ou encore chasseurs, tous sont titulaires d’un contrat d’assurance qui les couvre contre certains types de risques. Les assureurs ont aussi leur propres contrats de couvertures souscrits auprès des réassureurs. Sorte de police d’assurance des polices d’assurance, ils interviennent principalement lors de sinistres de grande ampleur comme les catastrophes naturelles.
En premier lieu, définissons le concept de la réassurance. Il s’agit d’un arrangement contractuel entre un assureur et réassureur impliquant un principe d’indemnisation de la compagnie d’assurance, la cédante dans le jargon, par une société de réassurance. Le fonctionnement reste donc globalement le même que celui de l’assurance classique qui concerne les particuliers. Autrement dit, comme n’importe quel assuré, les assureurs payent des primes pour être couverts contre certains risques exceptionnels.
Par conséquent, lorsque les médias parlent d’un coût d’1,2Mds d’euros pour la tempête Xynthia, de 1,5Mds d’euros pour Klaus, il faut comprendre ces chiffres brut de réassurance. Car le coût réel pour les compagnies d’assurances est bien plus inférieur, entre 50 et 75% de la facture annoncée. Pour la tempête Xynthia, les assureurs auront à débourser 600M d’euros net de réassurance, soit la moitié des 1,2Mds annoncés.
Une étude de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA) prévoit à ce propos une recrudescence des catastrophes naturelles dans les vingt années à venir. Il en coûterait plus de 60Mds d’euros pour le secteur. Mais là aussi, il faut prendre ce chiffre avec des pincettes, car la part que les réassureurs vont prendre en charge n’est pas prise en compte.
Dans le monde de la réassurance, la France dispose d’un système particulier, à travers la Caisse centrale de réassurance (CCR). Créée en 1946, cet organisme est détenu à 100% pour l’État, alors que les autres réassureurs du marché sont tous des acteurs privés. La particularité de la CCR est qu’elle bénéficie d’une garantie illimitée de l’État sur certains risques, principalement les catastrophes naturelles. Une situation qui ne fausse pas le jeu de la libre concurrence assure-t-on à la CCR. « Cette garantie de l’État ne confère pas pour autant à CCR le monopole de la réassurance des catastrophes naturelles. En effet, tout assureur reste libre de se garantir auprès du réassureur de son choix, voire même de prendre le risque de ne pas se réassurer ».
Il n’en reste pas moins que ce dispositif est unique dans le monde. Elle entre dans la logique du système d’indemnisation des catastrophes naturelles en France très encadré par l’État, comme nous vous l’expliquions dans un article précédent. Dans la même veine, le gouvernement et les compagnies d’assurance réfléchissent à la mise en place d’un système de réassurance publique pour les calamités agricoles.
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