Crash tests 2009 AXA Assurances : Les routes secondaires sont-elles vraiment sûres?
D’après une étude internationale d’AXA Assurances, les usagers de la route se sentent davantage en sécurité sur les routes secondaires qu’en ville ou sur autoroute. Mais les apparences sont trompeuses: le nombre de personnes qui perdent la vie chaque année dans des accidents de la route est plus élevé hors agglomération que sur l’ensemble des autres routes. Les derniers crash tests d’AXA Winterthur et de DEKRA présentent les scénarios d’accidents les plus fréquents et sensibilisent les usagers de la route aux risques et dangers des routes secondaires.
Entre champs, prairies et forêts, la route secondaire longe des fermes et de petits villages. Des arbres bordent la route et y projettent leurs ombres. Derrière une moissonneuse-batteuse, une voiture de tourisme attend l’occasion de doubler. Après un léger virage, le conducteur perd patience, met son clignotant et déboîte au même moment sans voir la moto qui s’apprête à le dépasser – une situation susceptible de se produire à tout instant sur une route de campagne. Du piéton au tracteur, toutes sortes d’usagers se partagent la route : la quiétude campagnarde est trompeuse.
Il reste encore beaucoup à faire en matière de prévention
En 2007, on a relevé en Suisse 5606 accidents hors agglomération. Ceux-ci ont causé 196 morts et 1527 blessés graves, soit 26 victimes pour un million d’habitants. En Allemagne, on atteint même une moyenne de 36 personnes pour un million d’habitants avec 3012 victimes. Si, lors des quinze dernières années, le nombre de décès a diminué de moitié dans les deux pays, les experts estiment que l’on pourrait encore sauver beaucoup de vies grâce à des campagnes de sensibilisation des conducteurs, des mesures en matière d’aménagement des routes et une sécurité accrue des véhicules. «Pour réduire la gravité des accidents, la technologie automobile, tels que les programmes électroniques de stabilité, ne suffisent pas», déclare Anton Brunner, responsable de l’équipe de recherche en accidentologie d’AXA Winterthur, «les conducteurs doivent être conscients des dangers des routes secondaires et faire preuve de la vigilance qui s’impose.»
Des buissons au lieu des arbres
Les collisions avec des arbres et d’autres obstacles situés à l’extérieur de la chaussée représentent environ un tiers des décès sur les routes secondaires et constituent la première cause d’accidents mortels. «En cas de collision avec un arbre, la puissance du choc se concentre sur une petite surface du véhicule», explique Jörg Ahlgrimm, responsable Accident Analysis chez DEKRA. Si le véhicule fait un tonneau et percute l’arbre latéralement ou avec le toit, l’habitacle sera si déformé que les passagers n’auront pratiquement aucune chance de survie. Telles sont les conclusions des récents crash tests effectués par AXA Winterthur et DEKRA à Wildhaus.
Comme le révèle une étude du Bureau suisse de prévention des accidents (bpa) sur la sécurité des routes extra-urbaines, le risque de trouver la mort en heurtant un arbre est deux fois plus élevé pour les passagers de voitures de tourisme et trois fois plus élevé pour les motards qu’avec d’autres obstacles. «Malgré des inconvénients indéniables, on continue aujourd’hui de planter des arbres en bordure des routes, la plupart du temps par souci d’esthétisme», observe Anton Brunner, d’AXA Winterthur. «En revanche, les buissons freinent les véhicules qui sortent de leur trajectoire sans mettre la vie des passagers en péril.»
Des manœuvres de dépassement dangereuses
La deuxième cause d’accidents mortels sur les routes secondaires sont les collisions frontales. Celles-ci surviennent généralement à la suite de manœuvres de dépassement risquées sur la voie opposée. «Les conducteurs inexpérimentés évaluent mal la distance nécessaire pour dépasser ou dépassent mal à propos lorsque la voie est libre», souligne Jörg Ahlgrimm, de DEKRA. «L’économie de temps réalisée est sans commune mesure avec le risque de provoquer un accident grave.»
Sur une route secondaire, il faut s’attendre à tout moment à l’arrivée de véhicules en sens inverse. Le conducteur qui dépasse ne dispose donc que de la moitié de la voie libre pour achever sa manœuvre. «En cas de doute, il faut s’abstenir de dépasser», explique Jörg Ahlgrimm. Pour inciter les conducteurs à davantage de patience sur les routes très fréquentées, il propose la mise en place de voies de dépassement supplémentaires sous forme d’une voie de circulation auxiliaire. «Si ces voies étaient clairement signalisées à l’avance, les conducteurs impatients pourraient renoncer à des manœuvres risquées et attendre la prochaine voie de dépassement. Et dans le cas des routes dangereuses impossibles à aménager, il faudrait impérativement prévoir des interdictions de dépasser», ajoute Jörg Ahlgrimm.
Risques d’accidents aux points de jonction
Sur les routes secondaires, les embranchements et carrefours constituent un risque supplémentaire en raison de leur fréquent manque de visibilité. Les motards, en particulier, sont identifiés tardivement à cause de leur fine silhouette et de leur vitesse élevée. Par conséquent, tous les usagers doivent redoubler de prudence aux croisements routiers, même s’ils ont la priorité. «Aux carrefours très passants, il convient en outre de prendre des mesures d’aménagement telles que les ronds-points et les îlots directionnels», déclare Anton Brunner, d’AXA Winterthur.
Mais les efforts doivent aussi porter sur les voies privées et chemins ruraux qui débouchent sur des routes secondaires, car ils sont souvent très mal signalisés. Or, des véhicules agricoles peuvent surgir brusquement, traverser la chaussée ou bifurquer. «Beaucoup d’usagers considèrent les tracteurs agricoles comme inoffensifs du fait de leur lenteur et oublient les proportions de ces véhicules», avertit Anton Brunner. «Lorsque l’on rencontre ce type de véhicule, il faut adapter sa vitesse et bien s’assurer que l’on peut croiser sa route ou le dépasser.» Les crash tests réalisés cette année par AXA Winterthur et DEKRA mettent en évidence le danger que représentent les collisions avec des véhicules agricoles. En effet, lors du choc, les voitures de tourisme et les motos s’encastrent sous les remorques. Le seuil de chargement de ces dernières représente un danger mortel.