Sécurité routière : Forte préoccupation après l’explosion du nombre de tués sur les routes en janvier 2011
Le nombre des tués sur les routes a bondi de 21 % en janvier, suscitant l’indignation de défenseurs de la sécurité routière qui mettent en cause l’assouplissement du permis de conduire à points qui doit être adopté mardi soir par le Parlement.
Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a jugé devant les sénateurs que ces chiffres étaient “préoccupants” et annoncé qu’il présenterait jeudi “un plan de lutte contre l’insécurité routière”. “Les résultats du mois de janvier sont préoccupants”, a dit le ministre alors le nombre de tués sur les routes a bondi de 21 % en janvier, selon une source proche du dossier, ce qui a suscité l’indignation des associations.
Le nombre des tués sur les routes de France métropolitaine a en effet crû de 21 % en janvier 2011 (environ 320 morts) par rapport à janvier 2010 (267 tués), soit la plus forte augmentation depuis juin 2009 (33 %), a-t-on appris mardi de source proche du dossier. Toutefois, ce bilan ne pourra pas être considéré comme définitif avant le 1er mars en raison de la “règle des trente jours” (les blessés graves qui succombent dans un délai de trente jours sont alors comptabilisés dans les décès).
La hausse brutale du nombre des morts sur les routes en janvier risque de rendre très difficile l’objectif affiché à plusieurs reprises par le président de la République Nicolas Sarkozy de passer sous la barre des 3.000 morts d’ici 2012.
Les chiffres de la mortalité de janvier ont provoqué l’indignation des défenseurs de la sécurité routière. “C’est un véritable crève-coeur de voir nos pires appréhensions confirmées”, a dit à l’AFP Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, qui avait dénoncé à plusieurs reprises l’assouplissement prévu dans la Loppsi 2 du permis de conduire à points. “Quand on entend Hortefeux parler de tolérance zéro pour les grands délinquants de la route, j’estime que la tolérance zéro doit s’appliquer à tous les politiques démagogues qui préfèrent prendre le risque de voir remonter le nombre des morts et des blessés sur les routes pour satisfaire un certain électorat”, a dit Mme Perrichon. Pour la présidente de la Ligue contre la violence routière, la “barre des 3.000 morts d’ici 2012 était déjà un objectif difficilement atteignable. Là on s’en éloigne encore davantage”. “La honte pour le gouvernement c’est de ne pas avoir affronté les casseurs du permis à points au Parlement”, conclut-elle.
Le professeur Claude Got, spécialiste de sécurité routière vient de mettre en ligne sur son site (www.securité-routiere.org) une étude exhaustive portant sur les comparaisons mensuelles du nombre des tués de juillet 1974 à décembre 2010. Pour le Pr Got, les “adversaires du permis à points ont remarquablement manoeuvré”, citant d’abord l’amendement du sénateur Alain Fouché (UMP) qui réduisait de trois ans à un an le délai pour récupérer ses 12 points.
Dans un second temps, raconte ce spécialiste, le passage du texte à l’Assemblée “qui veut faire croire qu’elle est raisonnable” et remonte le délai à deux ans”. Mais en même temps, les députés ont autorisé le stage de récupération de points tous les ans au lieu de tous les deux ans par un amendement de Philippe Goujon (UMP), “sans la moindre limitation concernant le type d’infraction, alors que tout le débat se fondait sur le faux principe que les petites infractions n’étaient pas dangereuses”.
Avec AFP