Sécurité routière : Un accident de la route sur 10 met en cause le téléphone, même avec un kit mains-libre
Près d’un accident corporel de la route sur dix est associé à l’usage du téléphone portable au volant, que le conducteur utilise ou non un kit mains-libres, révèle un rapport rendu public vendredi lors d’une conférence de presse.
Mais loin de se prononcer sur l’interdiction du kit mains-libres, le rapport souligne qu’il “pourrait convenir de faire évoluer la législation”, mais que “les rares tentatives d’analyses coûts-bénéfices d’une éventuelle interdiction” sont “peu probantes” et “ne sont pas en mesure de démontrer l’intérêt socio-économique” d’une telle décision.
Actuellement, le code de la route interdit de conduire avec un téléphone portable à la main, mais pas avec des oreillettes et en kit mains-libres.
Le “sur-risque” d’accident matériel ou corporel découlant d’une conversation téléphonique au volant par rapport à un conducteur ne téléphonant pas est d’environ 3, kit mains-libres utilisé ou non, souligne ce rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar).
Les chercheurs, qui ont analysé toutes les études scientifiques internationales, ont estimé que “la proportion de conducteurs étant en train de téléphoner au volant à un instant T était de 6%”, a expliqué Jean-Louis Martin (Ifsttar).
La Déléguée interministérielle à la Sécurité routière, Michèle Merli, ne s’est pas non plus prononcée sur une interdiction du kit mains-libres, renvoyant d’éventuelles décisions à un Comité interministériel à la sécurité prévu “avant l’été”. “A titre personnel, en tant que citoyenne, je n’utilise plus mon kit mains-libres”, a-t-elle seulement indiqué. “Dans un premier temps, il faut que chacun comprenne que c’est dangereux et (…) qu’au volant, au guidon, c’est la messagerie qui répond”, a-t-elle expliqué, persuadée que “si l’automobiliste est conscient de la dangerosité, il adaptera son comportement”. Pour que les salariés ne se sentent pas obligés de téléphoner en conduisant dans le cadre de leur travail, le gouvernement travaille sur “des conventions” avec les employeurs, a-t-elle ajouté.
Le rapport, commandé en novembre 2009, était très attendu par Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, qui réclame l’interdiction du kit mains-libres, comme en Espagne.
“Le téléphone portable, c’est le Médiator de la route. Le déni de la réalité tue plus que ce médicament : plus de 350 morts chaque année”, a-t-elle dit à l’AFP. “L’expertise collective, au bout de 19 mois et 6 jours (…) n’a été lancée que pour retarder la décision qui s’imposait”, a-t-elle ajouté.
Avec AFP