Assurance dépendance : Les contrats actuels sont inadaptés selon UFC-Que choisir
Le recours controversé à l’assurance privée pour financer la dépendance a rencontré mercredi un nouveau détracteur avec l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, qui dénonce dans une enquête le flou des contrats existants et avance ses idées pour un financement solidaire.
Le gouvernement lui-même prend des distances avec la piste privée qu’il avait un moment mise en avant. La ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale Roselyne Bachelot a ainsi affirmé mercredi qu’il était “exclu de privatiser la prise en charge de la dépendance”, précisant qu’une assurance dépendance obligatoire n’était “pas la voie retenue”. “Nous resterons sur un socle massif de solidarité”, a-t-elle ajouté.
Membre d’un des groupes de travail mis en place par le gouvernement, celui sur le financement, l’UFC-Que Choisir met en cause dans son enquête les contrats actuellement sur le marché. L’association critique leur caractère “illisible” avec de nombreuses pages écrites en petits caractères, le montant des cotisations qui n’est, le plus souvent, pas plafonné, tandis que le montant des prestations n’est pas indexé sur l’inflation. “Le consommateur n’est pas en mesure de savoir à quoi il s’engage et ce qu’il obtiendra une fois dépendant”, souligne-t-elle.
Aucun des contrats (AG2R, Banque postale, CNP, Crédit Agricole, Groupama, Harmonie Mutuelles, MMA) qu’elle a passés à la loupe ne ressort indemne de cette étude.
Pour l’UFC, il n’est pas souhaitable de laisser les assureurs prendre une trop grande part du marché de la dépendance. Elle est actuellement marginale (200 millions de prestations versées) à comparer aux 25 milliards de dépenses publiques, venant principalement de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA).
D’ailleurs, selon l’association, le nombre de souscripteurs de contrats privés n’est pas si important que l’ont laissé entendre les déclarations officielles. “Quand on dit que 5,5 millions de personnes sont déjà couvertes, on mélange celles qui sont réellement couvertes, entre 1,5 et 2 millions, et celles qui n’ont qu’une caricature de couverture”, a déclaré à la presse le président de l’UFC Alain Bazot, prenant comme critère de réelle couverture une rente mensuelle d’au moins 300 euros.
L’association brandit aussi l’exemple des Etats-Unis, 1er marché mondial, où les assurances dépendance ne reversent, sous forme de prestations, que 49% des cotisations versées, contre 75% pour les assurances santé individuelles.
Signe que les assureurs n’ont plus le vent en poupe, la députée UMP de Meurthe-et-Moselle Valérie Rosso-Debord elle-même, l’auteure du rapport qui suggérait d’ouvrir largement les portes au privé, tempère ses propositions. “Mon rapport a plus d’un an et demi, moi aussi j’ai évolué”, a-t-elle dit à l’AFP. Leur laissant toujours une place “complémentaire”, la députée insiste pour que l’on retire aux assureurs, au profit de l’Etat, le rôle de l’expertise “pour qu’ils ne soient pas juges et parties”.
Prônant un financement uniquement solidaire, l’UFC avance l’idée d’un “bouclier dépendance” partant du constat que les frais peuvent augmenter avec les années alors qu’actuellement les aides publiques n’en tiennent pas compte.
Ce bouclier serait déclenché au bout de quelques années par une augmentation de l’APA quand les revenus de la personne âgée n’arrivent plus à couvrir la hausse du coût de la dépendance. Il serait financé par l’alignement de la cotisation de CSG des retraités imposables sur celle des actifs et la suppression de leur abattement fiscal de 10%, une solution que ne préconise pas Mme Rosso-Debord.
Avec AFP