Dépendance : Sarkozy ne veut pas négliger le rôle des assurances privées
Nicolas Sarkozy n’a pas dévoilé mardi le contenu de la réforme de la dépendance mais il a clairement exclu de « taxer davantage le travail » pour la financer, tout en insistant sur le rôle que pourraient jouer les assurances privées.
Comme il l’avait fait pour les retraites, le chef de l’État a invoqué l’urgence démographique, liée à l’allongement de la vie et au vieillissement, pour mener rapidement à bien le dernier grand chantier social de son quinquennat.
« Nous pouvons toujours attendre, la démographie, elle n’attendra pas », a-t-il fait valoir lors d’un colloque sur le sujet au Conseil économique, social et environnemental, soulignant que 25 milliards d’euros étaient déjà consacrés en 2011 à la prise en charge des personnes âgées dépendantes.
La France compte quelque 1,5 million de personnes de plus de 85 ans actuellement, une population qui devrait grimper à 2 millions d’ici 2015, selon les projections.
Tout en appelant à « élargir le débat » au-delà des questions financières, le chef de l’État a rappelé que « seulement une personne âgée sur cinq est en mesure de financer sur ses seuls revenus son hébergement en maison de retraite ».
« Nous ne pouvons pas laisser les familles seules face à la montée de la dépendance », a-t-il estimé.
Parmi les pistes sur la table pour trouver de nouvelles sources de financement, Nicolas Sarkozy s’est gardé de dévoiler de premiers arbitrages, alors que divers groupes de travail ont été installés par le gouvernement pour nourrir sa réflexion dans les prochains mois.
Il a toutefois écarté de « taxer davantage le travail », ce qui, a-t-il affirmé, aurait pour conséquence d’en « augmenter le coût » et « ne conduirait qu’à une délocalisation encore plus importante de nos emplois ».
S’il n’a pas évoqué la proposition controversée du recours sur succession, relancée la semaine dernière par un rapport sénatorial, le président s’est en revanche attardé sur une autre proposition qui fait polémique, celle du rôle des assurances privées.
« Quand nos finances publiques sont dans la situation où elles sont, quand le travail est à ce point taxé, quand 5 millions de Français ont déjà souscrit une assurance dépendance, est-il raisonnable de ne pas s’interroger sur le rôle que peuvent jouer les mutuelles, les compagnies d’assurances et les organismes de prévoyance ? », a-t-il dit.
« Il nous faut sans doute inventer autre chose que le modèle traditionnel de couverture des risques par la sécurité sociale », a-t-il estimé, affirmant pour rassurer les sceptiques qu’il n’avait « pas l’intention d’utiliser la dépendance pour privatiser insidieusement l’assurance maladie ».
Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, a plaidé mardi pour un « service public de la prise en charge de la perte d’autonomie », jugeant qu’il y avait « un vrai danger » de livrer ce domaine relevant de la solidarité au marché privé.
L’association AD-PA, qui regroupe les directeurs de services à domicile et d’établissements pour personnes âgées, s’est inquiétée de son côté de la volonté affichée de favoriser le maintien à domicile, renvoyant « à la responsabilité des familles dont on sait combien elles s’épuisent aujourd’hui ».
Nicolas Sarkozy a confirmé que le gouvernement devrait avoir bouclé son projet de réforme « avant la fin de l’été prochain ». Mais plusieurs déclarations ministérielles ont cependant ouvert la voie ces dernières semaines à des mesures ultérieures à prendre après la présidentielle de 2012.
PARIS, 8 février 2011 (AFP)