Assurance santé : critiques sur un avis de non-remboursement d’un médicament pour l’hypertension
Les organisations spécialisées dans l’hypertension artérielle (HTA) s’étonnent de l’avis défavorable donné par la Haute autorité de santé au remboursement d’un nouveau médicament contre l’hypertension, qui rassemble en un seul comprimé trois principes existants.
Dans une lettre à la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, les trois organismes (Société française d’hypertension artérielle, Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle et Fondation de recherche sur l’hypertension artérielle) notent que cela crée une “inégalité d’accès” à ce médicament. En effet “seuls les plus aisés pourront accéder à un médicament non remboursé et bénéficier de ce nouveau traitement”, relèvent les trois sociétés.
Pour le Pr Jean-Jacques Mourad, président du Comité français de lutte, il ne s’agit pourtant “ni de molécules nouvelles ni de dosages nouveaux”, et cela permettrait une simple “substitution” chez des patients déjà traités à ces dosages, pour qui cela faciliterait “l’observance” du traitement.
Par ailleurs le prix du nouveau médicament (Exforge HCT) n’est selon lui pas encore fixé, mais il devrait être moins coûteux que les trois comprimés qu’il remplace et qui étaient remboursés par l’Assurance maladie, a-t-il estimé à l’AFP.
Cependant deux des trois médicaments existent déjà sous forme générique.
Pour la commission de transparence de la HAS, dont les avis sont consultatifs, le médicament concerné, produit par Novartis, n’apporte pas de bénéfice de traitement par rapport à l’association libre des trois principes actifs. Elle fait valoir qu’une posologie en un seul comprimé -même s’il est proposé sous quatre formes, avec des quantités variables des composants- ne permet pas de s’adapter à la situation de chaque patient, et que les risques sont plus importants en cas d’arrêt du traitement.
Elle estime encore qu’il peut y avoir “dérive de prescription” vers les patients avec hypertension légère ou modérée, alors que ce médicament vise les patients avec HTA essentielle (sans cause connue), qui peut engager le pronostic vital.
Les sociétés spécialisées, rappelant que quelque 12 millions de personnes en France souffrent d’hypertension, ont demandé à la HAS l’organisation d’une mission d’expertise pluridisciplinaire sur le sujet.
Paris, 28 mai 2010 (AFP)