Assurance santé : L’Agence du médicament connaissait les effets du Médiator
L’Agence du médicament avait été alertée dès juillet 1998 sur les risques potentiels du Mediator, destiné aux diabétiques en surpoids et utilisé comme coupe-faim, selon une information publiée mardi dans Le Figaro.
Le journal indique avoir récupéré le texte d’une dépêche de l’AFP du 1er juillet 1998 annotée par Gilles Duhamel, conseiller technique de Bernard Kouchner, secrétaire d’Etat à la Santé, et transmise à l’Agence du médicament (future Afssaps).
Cette dépêche reprenait une étude de l’Union régionale des caisses d’assurance maladie (Urcam) de Bourgogne qui suggérait un reclassement dans les amphétamines du Mediator, un médicament pour diabétiques en surpoids, utilisé selon l’Urcam comme simple amaigrissant dans un tiers des cas. L’étude s’interrogeait aussi sur la légitimité du remboursement, vu son utilisation.
Gilles Duhamel – «lui-même médecin et ayant travaillé plusieurs années dans l’industrie pharmaceutique» note Le Figaro – la transmet à «JRB”» c’est-à-dire, selon le quotidien, à Jean-René Brunetière, alors directeur général de l’Agence du médicament, avec la mention: «Pour suite éventuelle à donner en AMM ? Et transparence. Me tenir informé SVP».
L’AMM est l’autorisation de mise sur le marché nécessaire pour commercialiser un médicament.
«Bernard Kouchner et Martine Aubry (son ministre de tutelle, ndlr) ont déclaré à plusieurs reprises ne jamais avoir entendu parler du Mediator», relève Le Figaro. «C’est tout à fait plausible: les conseillers ministériels ne font pas remonter systématiquement les informations vers le ministre», ajoute le journal.
Selon Le Figaro, c’est sur cette étude de l’Urcam de Bourgogne que se sont fondés deux mois plus tard trois professeurs de la CNAM pour alerter à leur tour M. Brunetière sur la question du Mediator. Sans plus d’effet semble-t-il.
PARIS, 11 jan 2011 (AFP)