La grippe H1N1 tue aussi des personnes apparemment en bonne santé
La grippe H1N1 peut aussi tuer des personnes apparemment en bonne santé, comme vient de le rappeler le décès d’un homme de 26 ans, sans autre maladie connue, survenu en France métroploitaine.
Sous réserve des investigations en cours, ce décès survenu au CHU de Saint-Etienne est le premier mort dans l’hexagone d’un sujet considéré jusque là en bonne santé. “C’est vrai qu’il peut y avoir des décès chez des sujets jeunes. Dans toute forme de grippe qui se répand et qui numériquement devient importante, il y a un risque de voir apparaître – on l’a dit- des formes graves et des formes mortelles”, a commenté lundi le Pr François Bricaire, spécialiste des maladies infectieuses.
La nouvelle grippe H1N1 “est majoritairement bénigne”, mais “il y a hélas quelques exceptions”, a-t-il dit à l’occasion des Entretiens de Bichat. “Il n’y a aucune grippe qui soit totalement bénigne”, a ajouté le Pr Bricaire. “40% des cas de maladie les plus graves, ainsi que des cas mortels frappent des personnes qui sont considérées comme généralement en bonne santé”, a indiqué lundi Sin Lun Tam, un expert de l’OMS invité à la conférence européenne des maladies pulmonaires organisée à Vienne jusqu’à mercredi.
Ce n’est pas le premier décès de ce genre en France, si ça l’est en métropole. En Nouvelle-Calédonie (240.000 habitants) deux décès chez des personnes sans facteur de risque connu, ont déjà été rapportés par l’Institut de veille sanitaire (InVS) pour environ 40.000 cas cumulés depuis le début de l’épidémie.
En Polynésie Française (260.000 habitants) le dernier bilan de l’InVs faisait état d’un total de 6 décès : “5 présentaient des pathologies sous-jacentes tandis qu’un décès est survenu chez une femme enceinte” pour environ 25.000 cas cumulés de syndromes grippaux depuis le début de l’épidémie.
Les formes mortelles touchent essentiellement des sujets ayant des pathologies sous-jacentes, mais il peut y avoir une forme grave chez quelqu’un qui apparemment va bien, a rappelé le Pr Bricaire. Dans la moitié des cas mortels dans le monde, tous âges confondus, aucune maladie sous-jacente n’a été signalée, relevait fin août une étude d’épidémiologistes de l’InVS portant sur plus de 500 décès confirmés dans les premières semaines de la pandémie.
“Exceptionnelle” dans le cas de la grippe saisonnière, la mortalité directe, due à un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) causé par le virus lui-même, serait cent fois plus fréquente dans le cas de la grippe H1N1, calculait à la même époque l’épidémiologiste Antoine Flahault en s’appuyant sur des données concernant la Nouvelle-Calédonie et l’île Maurice.
Ce syndrome aigu, qui ressemble à une auto-noyade pulmonaire, est “rarissime” lors de la grippe saisonnière : un décès par million de malades, notait Antoine Flahault.
Le Pr Bricaire propose une explication : chez des sujets jeunes, en bonne santé, le système de défense peut “hyper-réagir” contre le virus, causant une sécrétion massive de substances anti-inflammatoires, comme des cytokines, “qui peuvent devenir délétères et entrainer des perturbations”. “Parmi ces perturbations, on pense que ça entraîne cette inflammation au niveau du poumon (…) qui va entrâiner le décès”, a-t-il expliqué.
Dans le cas du jeune homme de 26 ans, une recherche est en cours pour déceler une surinfection bactérienne. Ce genre de complication peut être fatal si le germe est résistant aux antibiotiques où s’ils n’ont pu être administrés à temps.
News-assurances avec l’AFP