Le virus A/H1N1 tue moins que le virus habituel de la grippe saisonnière
Le A/H1N1 tue moins que le virus habituel de la grippe saisonnière mais la pandémie actuelle effraie car elle touche des enfants et pose de gros problèmes financiers et logistiques aux Etats, explique-t-on au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
Il y a certes des patients qui décèdent du virus A/H1N1, mais “c’est une très petite proportion des gens atteints”, explique le chef de l’unité Préparation et réponse, Denis Coulombier, dans un entretien à l’AFP au siège de l’ECDC à Stockholm.
La proportion des décès dus au A/H1N1 s’élève à 0,2 – 0,3 pour mille, soit un taux “inférieur à la grippe habituelle” qui tue à peu près un patient sur mille. “Chaque année, la grippe tue plusieurs milliers de personnes, mais cette année, la grippe est pandémique et les gens se rendent compte qu’elle peut-être fatale”, selon cet épidémiologiste de 53 ans.
La principale différence vient du fait que le virus A/H1N1 touche une population qui échappe généralement aux complications de la grippe, à savoir les enfants, alors que les personnes plus âgées, qui constituent les victimes habituelles de la grippe saisonnière, sont cette fois relativement épargnées. Cela vient peut-être du fait que le virus A/H1N1 est une évolution du virus H1N1 à l’origine en 1918 de la pandémie meurtrière de grippe dite espagnole. “Les gens qui ont rencontré le H1N1 en ont gardé une trace et ont une certaine immunité” face au A/H1N1, explique M. Coulombier, tout en soulignant que cette théorie n’était encore qu’une “hypothèse”.
L’ECDC, qui assure une surveillance planétaire des maladies pour rendre compte de leur évolution et détecter les épidémies ou pandémies, attend une deuxième vague de contamination par le virus A/H1N1 “dans les semaines qui viennent”. Depuis son apparition au printemps, le A/H1N1 a tué au moins 4.525 personnes dans 191 pays et territoires, selon les derniers chiffres de l’OMS.
Outre les décès, le traitement des personnes sévèrement atteintes par le A/H1N1 nécessite un traitement médical très lourd à supporter pour les économies publiques. “Pour admettre quelqu’un en soins intensifs, il faut commencer par avoir la place et le matériel car ce sont des techniques extrêmement lourdes, avec des respirateurs artificiels et les importantes équipes médicales pour les faire fonctionner”, note le Dr Coulombier.
Ainsi, la Suède a récemment “récupéré un cas venant d’Ecosse où il n’y avait plus les moyens de le soigner”, souligne-t-il. “La bonne nouvelle, avant cette seconde vague, c’est qu’il n’y a pas d’explosion de cas, que nous ne serons pas pris de vitesse”, selon lui.
Alors, avec le recul, peut-on parler d’hystérie collective provoquée par l’apparition de ce virus ? “Nous avons eu une période d’anxiété car la première phase est allée très très vite et la situation était peu claire au Mexique”, où le virus a été remarqué pour la première fois, rétorque le Dr Coulombier. “Pendant quelques jours, nous n’étions pas excessivement clairs nous mêmes sur la sévérité du virus. Mais très vite, les données sont remontées et nous nous sommes rendus compte que le virus circulait aux Etats-Unis et que donc il existait depuis un certain temps”, ce qui a donné une indication rassurante quant à sa sévérité.
Néanmoins, “nous avons bien fait de nous préparer comme ça, affirme-t-il. Nous devons toujours nous préparer au +pire scénario plausible+ et tout le travail fait incluait la possibilité d’une pandémie très sévère. Nous n’avons donc pas commis d’erreur de préparation et l’évolution (de la pandémie) est une chance du ciel”.
La seule erreur qu’il concède, c’est “que nous étions tournés vers l’Asie” depuis la grippe aviaire et que le A/H1N1 “est arrivé dans notre dos”.
Stockholm, 16 oct 2009 (AFP)