Médicaments contrefaits : Un marché plus rentable que le trafic de drogue, Interpol agit
L’organisation de police Interpol a annoncé jeudi la saisie de plus d’un million de gélules de médicaments contrefaits vendus sur internet, ainsi que 76 interpellations, au terme d’une opération menée pendant une semaine à travers 45 de ses pays membres.
Le montant des saisies est évalué à près de 2,6 millions de dollars, a indiqué Aline Plançon, chef du service “Contrefaçon des produits médicaux” lors d’un point presse au siège de l’organisation internationale, basée à Lyon (centre-est de la France).
Au total, 290 sites de vente de médicaments contrefaits ont été fermés au terme de cette opération baptisée Pangea 3, menée chaque année depuis trois ans.
Mme Plançon s’est félicitée du nombre croissant de pays participants, passé de huit en 2008 à 45 cette année, parmi lesquels la France, la Belgique, le Canada, la Suisse ou encore Cuba, la Russie et la Thaïlande.
Plus de 10.000 colis ont été saisis lors de cette opération menée du 5 au 12 octobre, notamment dans les centres de tri postaux ou chez des grossistes. Interpol a montré des photos de colis passés au scanner en Suède ou de pilules roses contrefaites saisies en Thaïlande. “Mais il n’y a pas de législation qui criminalise les contrefaçons de médicaments” sur internet, a déploré Mme Plançon, ajoutant que ce trafic profitait des failles de la législation internationale.
Les médicaments contre les troubles de l’érection font partie des grands classiques, “mais ce ne sont pas les catégories les plus choquantes qu’on ait vues”, raconte la responsable d’Interpol, énumérant la découverte d’antidépresseurs, d’anticholestérol et même de produits de chimiothérapie, achetés par des malades en mal d’assurance-maladie, y compris dans les pays développés.
Elle a aussi battu en brèche les idées reçues désignant l’Asie comme principale zone productrice: “Tout le monde regarde l’Asie, mais il n’y a pas que les pays asiatiques qui sont concernés. Il y a des productions locales en Amérique latine, en Europe centrale”.
Ce marché des médicaments contrefaits vendus sur internet est “bien plus rentable que le trafic de drogue”, avec des centaines de millions d’euros par an, a-t-elle estimé.
Par ailleurs, Interpol a lancé à partir de jeudi une campagne de prévention sur YouTube.
Lyon, 14 octobre 2010 (AFP)