Radiofréquences : L’OMS confirme un risque que les assurances mesurent depuis longtemps
L’OMS a estimé mardi que les radiofréquences sont « peut-être cancérogène pour l’homme ». Un sujet qui fait polémique au sein des différentes autorités politiques, scientifiques et associatives, mais sur lequel les assureurs ont tranché depuis longtemps.
Une trentaine d’experts internationaux se sont réunis à Lyon sous l’égide du Centre international de recherche sur le cancer. L’étude du CIRC a classifié le risque de cancer lié à l’exposition aux radiofréquences à 2B sur une échelle de 1 à 4 (1=cancérigène pour l’homme), B modérant le risque à « peut-être » quand le A aurait signifié « probable ». Ce classement signifie qu’ « il peut y avoir un risque, et que donc nous devons surveiller de près le lien entre les téléphones portables et le risque de cancer », a ajouté Jonathan Samet, président du groupe de travail. La Fédération Française des Télécommunications, estime de son côté que le CIRC en classant les ondes radio en catégorie 2B indique a contrario « que leur lien avec le cancer n’est pas démontré ».
Chacun son interprétation, donc, sur un sujet qui fait polémique depuis plus de 2 ans et sur lequel on manque de recul. Différentes études, associations et même décisions de justices débattent et même se contredisent sur le sujet. Les Etats, également, n’optent pour les mêmes politiques – les pays du nord ayant adopté des limitations plus strictes en matière d’émissions de radiofréquences. En France, plusieurs plaintes avaient été déposées en 2009 par certains habitants au sujet des antennes-relais, aboutissant au nom du principe de précaution.
La preuve par les contrats d’assurance
Les tribunaux avaient alors obligé les opérateurs à retirer les antennes soupçonnées de causer des troubles aux riverains. Les opérateurs ont alors été pris dans le paradoxe de ces décisions de justice qui les condamnaient à démonter des antennes-relais, quand l’état leur imposait dans le même temps une obligation légale de couverture du territoire.
Le positionnement politique du gouvernement n’est toujours pas clair et navigue à vue entre les différentes études et les pressions des opérateurs. L’expertise qui fait toujours autorité à ce jour est celle de l’Afsset (Agence nationale de la sécurité sanitaire) qui en 2009 concluait à la nécessité de réduire les expositions. Pour Janine Le Calvez de l’association Priartem, le rapport Bioinitiative qui pointait les risques en 2007 fait toujours référence et la reconnaissance d’un risque potentiel par l’OMS est « une décision extrêmement importante ». Janine Le Calvez qui se bat pour l’application du principe de précaution et la baisse du seuil d’exposition rappelle aussi que les assureurs ne couvrent pas ce risque.
En effet, les assureurs se sont prémunis eux-mêmes de ce risque depuis longtemps : depuis 2000 les principales compagnies d’assurances mondiales refusent d’assurer les risques sanitaires liés aux émissions de champs électromagnétiques. En 2009, le site Backchich.info avait d’ailleurs détaillé un contrat de responsabilité civile Axa qui exclut spécifiquement « les dommages de toute nature causés par les champs et ondes électromagnétiques ». En appliquant un principe de précaution – à leur égard – les compagnies d’assurances seraient-elles les seules à avoir mesurer l’ampleur du risque ?