Retour du très controversé thalidomide sur le marché du médicament : règles de prescription et remboursement
Le thalidomide, associé dans les années 50 à de graves malformations congénitales, sera de nouveau commercialisé en France à partir du 19 octobre sous le nom Thalidomide Celgene, pour le traitement d’une forme rare de cancer, le myélome multiple, a annoncé l’agence du médicament (Afssap).
Le médicament a reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne en avril 2008 pour une indication très spécifique. Thalidomide Celgene est indiqué, en association avec deux médicaments anti-cancéreux (melphalan et prednisone), pour le traitement de première ligne des patients âgés de plus de 65 ans présentant un myélome (cancer de la moelle osseuse) multiple non traité ou chez lesquels la chimiothérapie à haute dose est contre-indiquée.
Le thalidomide a été commercialisé à partir de 1956 en tant que sédatif et pour soulager les nausées des femmes enceintes. A la suite de malformations congénitales graves, il a été retiré du marché en 1962.Il est depuis identifié comme présentant “un risque tératogène énorme” (provoquant des malformations congénitales), a indiqué vendredi à la presse Anne Castot, chef du service de l’évaluation de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).
Pourtant, le thalidomide est utilisé depuis 1997, en l’absence d’AMM et dans le cadre d’un “usage compassionnel”, pour traiter des patients atteints de maladies rares ou graves, sans alternative thérapeutique.
En 12 ans, 20.000 patients ont ainsi été traités avec ce médicament, dans le cadre d’Autorisations temporaires d’utilisation (ATU).
La commercialisation du thalidomide à partir du 19 octobre met fin à cette utilisation dans le cadre des ATU. A titre dérogatoire, il pourra néanmoins continuer à être prescrit, et remboursé, dans des utilisations non prévues par l’AMM et pour lesquelles des autorisations temporaires étaient accordées, comme le lupus ou la maladie de Crohn.
La commercialisation de ce médicament sera soumise “à un dispositif directif”, a souligné le directeur général de l’Afssaps, pour éviter tout risque de grossesse chez des femmes traitées ou les partenaires d’hommes traités.
Il ne pourra être prescrit que par certaines catégories de spécialistes et ne sera délivré qu’à l’hôpital. Le plan de gestion de risques prend aussi en compte d’autres effets indésirables graves (neuropathies périphériques, thromboses veineuses…). “Un médicament qui a fait tant de mal peut s’avérer rendre des services salvateurs dans des situations d’impasse thérapeuthique”, a expliqué Jean Marimbert.
Avec AFP