Santé au travail : le gouvernement s’attaque aux maladies professionnelles
Le nombre de maladies professionnelles a continué d’augmenter en 2008, a déploré mardi le ministre du Travail Éric Woerth, qui souhaite stabiliser ce chiffre d’ici 2014 avec le nouveau plan Santé au travail qui sera lancé « dans quelques semaines ».
Ce deuxième plan santé au travail (2010-2014), qui prend le relais du plan 2005-2009, vise également à réduire de 25% le nombre d’accidents du travail d’ici 2012, a expliqué le ministre devant la presse, à l’issue d’une présentation au Conseil d’orientation des conditions de travail (COCT).
Selon un bilan des conditions de travail 2009, plus de 45.000 maladies professionnelles ont été reconnues en 2008 par l’assurance maladie, contre 24.000 en 2006. « Cela ne cesse d’augmenter », peut-être notamment parce « qu’on les mesure mieux, qu’on est plus attentifs à cela », a expliqué M. Woerth, citant notamment les troubles musculo-squelettique (TMS) qui « ont doublé en dix ans », les affections liées au bruit, celles liées à la colonne vertébrale, ou encore les maladies liées aux risques chimiques.
Alors que le nombre de décès liés à ces maladies était en baisse ces dernières années, il s’est accru en 2008, pour atteindre 425 décès, précise le bilan annuel des conditions de travail. A l’inverse, « les accidents du travail sont plutôt en diminution, même s’ils restent encore à un niveau élevé », avec 704.000 accident en 2008, dont 44.000 accidents graves, a ajouté le ministre, rappelant que « plus d’une personne meurt par jour d’un accident du travail », soit 569 décès en 2008.
Le plan Santé au travail, estimé à 55 millions d’euros, passera selon lui par plusieurs « grands principes » : « continuer à faire de la recherche, pour améliorer la prise de conscience et la connaissance des risques », développer des actions de prévention pour « limiter les facteurs d’exposition », et « renforcer l’accompagnement des entreprises », notamment les plus petites.
L’avenir de la médecine du travail en danger selon un rapport
M. Woerth a par ailleurs précisé que la loi sur la réforme des services de santé au travail serait présentée « assez rapidement à l’Assemblée nationale et au Sénat ». Selon lui, « il y a évidemment un lien entre le texte sur la médecine du travail et celui sur les retraites », à cause de la pénibilité et des facteurs d’expositions au risques. Les deux textes seront “articulés”, a-t-il dit, affirmant qu’ils étaient “l’un et l’autre urgents”.
La réforme de la médecine du travail s’articulera notamment autour du développement d’équipes de travail pluridisciplinaires, associant médecins du travail, ergonomes, psychologues, toxicologues, infirmiers, etc. Le ministre souhaite aussi « tenir compte de la démographie médicale », puisque 75% des médecins du travail ont plus de 50 ans. « Il faut rendre de l’attractivité à cette belle spécialité », a-t-il ajouté.
Un rapport remis mardi au ministre affirme que « la médecine du travail est en danger » et que si rien n’est fait d’ici 5 ans, ce dispositif qui concerne près de 16 millions de salariés du privé « pourrait s’éteindre ». Ce rapport signé du professeur Paul Frimat, du membre du Conseil économique, social et environnemental Christian Dellacherie et du médecin Gilles Leclerc, formule une quarantaine de propositions.
Il propose notamment de donner la possibilité à des médecins expérimentés de se reconvertir dans la médecine du travail via la formation continue, de mieux reconnaître la place des infirmières du travail, et de mieux valoriser la discipline auprès des étudiants, notamment par des stages sur le terrain.
Paris, le 11 mai 2010 (AFP)