Santé : Les centres de santé témoins de la paupérisation des français
63% de la population considérée comme socialement vulnérable a recours aux centres de santé (CDS) contre 35% de la population générale, selon une étude rendue publique mardi lors du 50e Congrès national des CDS qui s’est tenu en fin de semaine dernière à Paris.
Ces centres, qui facilitent l’accès aux soins, accueillent de plus en plus de “populations intermédiaires”, c’est-à-dire ne disposant pas d’assurance maladie complémentaire, note l’étude.
Les CDS, généralement situés en zone urbaine sensible, jouent un rôle d’offres de soins de proximité, notamment en médecine générale, auprès d’une population plus défavorisée (60% de femmes contre 52% en population générale, 30% d’inactifs contre 7%), dans un contexte de pénurie médicale et de crise économique.
Il y a en effet une “relative hétérogénéité dans le développement des soins médicaux spécialisés ou paramédicaux”, souligne l’étude. Ainsi, les spécialités de “premier recours” comme la gynécologie, la dermatologie, la cardiologie, l’ophtalmologie, l’ORL et la psychiatrie, ne sont pas présentes dans tous les centres, qu’ils soient communaux ou associatifs. “Les très pauvres, qui viennent nous voir, trois fois plus que dans la population générale (19% contre 7%), sont couverts par la CMU (couverture maladie universelle), mais les classes intermédiaires qui ne disposent pas d’une assurance maladie complémentaire (79% contre 94%), fréquentent aussi régulièrement nos centres”, affirme le Dr Richard Lopez, directeur du service santé de la municipalité de Champigny-sur-Marne.
Les médecins des CDS, qui organisent de nombreuses actions de prévention en matière de santé, se félicitent par ailleurs que leur clients fidèles consomment moins de médicaments (-47%) que la population générale, ce qui “tend à prouver l’efficience de nos structures pour la santé publique”, a déclaré à l’AFP le Dr Eric May, responsable d’un CDS à Malakoff.
Baptisée Epidaure, en référence à la cité grecque antique qui accueillait des malades suppliants, cette étude très pointue, la première du genre, a été menée pendant trois ans auprès de 21 centres de santé polyvalents représentatifs des 357 existants en France.
Ces 21 centres couvrent une population de 750.000 habitants dans plusieurs quartiers de 11 communes, essentiellement en Ile-de-France (Champigny-sur-Marne, Gennevilliers, Ivry, La Courneuve, Malakoff, Montreuil, Nanterre, Paris 19e, Vitry) mais aussi à Belfort et Grenoble.
Paris, 5 octobre 2010 (AFP)